'est la loi de la jongle. Ce millésime 2024 est décidément riche en escadrilles d’emmerdes frappant la filière vin, qui doit déjà jongler avec suffisamment de difficultés économiques et climatiques pour voir avec horreur se rouvrir les menaces géopolitiques aux États-Unis avec la deuxième présidence de Donald Trump commençant en janvier 2025. De son programme électoral promettant des taxes sur les produits importés de 10 % minimum au risque d’un retour des taxes Trump issus du conflit Airbus/Boeing avant la fin de leur suspension (en juillet 2026), la filière des vins et spiritueux va devoir vivre un peu plus encore dans l’incertitude de la diplomatie du rapport de force. Pour ne pas dire le rapport de farce, face à une administration américaine s’annonçant particulièrement imprévisible.
S’il est urgent de ne pas s’emballer, pour juger sur pièce, il est primordial pour les exportateurs de se préparer au pire et de se mobiliser. Sans sombrer dans le défaitisme, il ne faut pas attendre que l’épée de Damoclès s’abatte pour se prévenir de sa chute. D’autant plus que les exportateurs se souviennent du coût de force américain de la surtaxe à 25 % ayant frappé le vignoble lors du conflit aéronautique (d’octobre 2019 à mars 2021) pour lui coûter plus de 500 millions d’euros (qui n’ont jamais été compensés, contrairement aux promesses présidentielles d’Emmanuel Macron).
Avec une filière vin fragilisée, de nouveaux chocs commerciaux pourraient être dévastateurs. D’autant plus que dans la série des ventes contraires, la nouvelle présidence de Donald Trump s’ajoute aux sujets export d’inquiétude pour la filière vin : augmentation programmée des droits d'accises en Grande-Bretagne, taxes très concrètes pour les cognacs et armagnacs en Chine… Ces dernières découlant d’une surdité de l’exécutif aux alertes de la filière charentaise pour ne pas être embarquée dans un conflit ne la concernant pas. En vain.
Dans ce chaos diplomatique qui entraîne le vignoble dans ses remous, une bonne nouvelle pourrait surnager. Contrairement aux autres secteurs agricoles, l’accord du Mercosur est plutôt vu avec intérêt par la filière vin, qui peut voir le verre à moitié plein en espérant un nouvel accès au marché très fermé du Brésil. Mais peut aussi voir le verre à moitié vide avec la possible concurrence des vins d’Argentine sur les marchés européens... C’est l’aloi du marché international.