’enveloppe des 120 millions d’euros pour l’arrachage définitif de 30 000 hectares à 4 000 €/ha sera-t-elle surconsommée, la filière ayant tablé un temps sur un potentiel de 50 à 60 000 ha, ou sous-consommée, alors que seulement la prime n’a été demandée que sur 10 100 ha par 2 000 dossiers finalisés ? Le suspens reste entier alors que la téléprocédure fermera ce mercredi 13 novembre à midi. Une clôture définitive prévient Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui ne veut pas laisser planer de faux espoirs : « il n’y aura pas de prolongation du dispositif. Ce ne sera pas possible. Pour utiliser les fonds Ukraine, il faut que les notifications soient envoyées avant le 31 décembre. On ne peut pas mettre le dispositif en danger en tardant. »
Au relevé du lundi 4 novembre, les départements les plus demandeurs d’arrachage définitif sont l’Aude (1 900 ha), le Gard (1 700 ha), la Gironde (1 300 ha), l’Hérault (1 300 ha) et les Pyrénées-Orientales (900 ha). Alors que 800 dossiers sont en cours de dépôt sur la plateforme en ligne, Jérôme Despey rapporte que « pour l’instant, le dépôt de demandes est progressif et pas exponentiel ». Ce qui ne permet pas de savoir si les candidatures vont connaître un coup d’accélérateur : « la tradition parmi les viticulteurs est de ne déposer leurs dossiers que dans les derniers jours » pointe le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Relevant des confusions pouvant peser sur les demandes d’arrachage définitif : « le dispositif indique que les bénéficiaires ne peuvent bénéficier de droits nouveaux de plantation. Il ne sera pas possible de demander d’autorisations de plantations nouvelles pendant 6 ans, mais si l’on a des autorisations de replantation à l’issue de l’arrachage, ces droits restent en portefeuille » précise le vigneron de Saint-Genès-des-Mourgues (Hérault).
Alors que le vignoble s’observe, s’ausculte et s’interroge, la demande d’arrachage temporaire reste vive. Lors de la visite de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ce 5 novembre dans l’Aude, les représentants de la filière vin ont « redit qu’il y a urgence à obtenir l’arrachage temporaire dans les discussions du Groupe de Haut Niveau à Bruxelles. Nous avons un besoin en urgence du dispositif d’arrachage temporaire » plaide Jérôme Despey, qui l’assume : « je n’ai jamais caché que je préfère l’arrachage temporaire, qui est structurant et permet d’accompagner les nouveaux besoins de consommation et la conquête de parts de marché. » Réclamant une réponse d’ici la fin de l’année à Annie Genevard pour se projeter sur la campagne 2025, Jérôme Despey porte une autre demande : que l’enveloppe des 150 millions d’euros promis pour l’arrachage soit entièrement utilisée. Qu’en cas de surconsommation il y a un abondement répondant à toutes les demandes. Qu’en cas de sous-consommation les fonds excédentaires puissent bénéficier à d’autres dispositifs de soutien. « Je parle bien des 150 millions € promis, pas seulement des 120 millions € notifiés à la Commission Européenne. Il faut les préserver » conclut Jérôme Despey.