our « traquer les fausses bonnes idées », Sophie Penavayre et ses collègues du pôle Beaujolais de l’IFV ont calculé par analyse du cycle de vie (ACV) l’empreinte environnementale de plusieurs pratiques « innovantes ».
Intervenant lors du Congrès de l’OIV ce 16 octobre à Dijon, elle commence par présenter les résultats obtenus sur la plantation d’un couvert de chicorée en inter-rang pour extraire le cuivre du sol et produire un complément alimentaire destiné aux élevages porcins, à l’essai dans le Val de Loire.
Sophie Penavayre explique que l’agrégation des 16 indicateurs de l’ACV donne un score unique plus élevé que celui des parcelles témoins. « D’un point de vue environnemental, mécaniser la vigne pour cultiver de la chicorée et la transporter dans les élevages est plus impactant que fabriquer des compléments alimentaire traditionnels. » Le score de la pratique sera meilleur quand les chercheurs parviendront à améliorer le rendement de la chicorée et sa capacité d’extraction pour se rapprocher des 4 kg Cu/ha/an visés et couvrir tous les besoins journaliers des porcs. « Pour l’instant, leurs résultats sur le terrain sont bien moins bons que ceux qu’ils obtiennent en laboratoire », précise Sophie Penavayre, avant d’enchaîner avec un deuxième exemple, la pose de filets anti-grêle.
« Nous avons pris la situation d’un vignoble du Beaujolais en regardant tous les flux liés à la fabrication et à l’installation des filets, en faisant l’hypothèse d’une durée de vie de 20 ans, et à la culture de la vigne », décrit l’ingénieure. D’après les calculs de son équipe, pour la production d’un kilo de raisin, les filets deviennent environnementalement intéressants à partir d’une grêle tous les 5 ans détruisant 50% de la récolte, soit une perte annuelle moyenne de 10%.
Sur des essais d’irrigation menés dans la Drôme, en prenant en compte la fabrication du système, les besoins en énergie, et la consommation d’eau, la modalité goutte-à-goutte donne un score unique moins impactant que la modalité non irriguée et ses 38% de pertes de rendement. « Tous les indicateurs sont meilleurs sauf l’empreinte eau, qui augmente de 245%, et les radiations ionisantes liées à la consommation d’électricité », note Sophie Penavayre.
Pour la première fois, l’IFV a aussi fait l’ACV de pratiques œnologiques, un désucrage par procédé Rédux réalisé au V'innopôle Sud-Ouest, couplé à une désalcoolisation partielle par nanofiltration et correcteur à membrane. « Cette fois l’unité fonctionnelle n’était plus 1 kg de raisin mais 1 litre de vin, et nous avons considéré les rejets comme des déchets polluants et non des coproduits à valoriser », indique Sophie Penavayre. L’impact environnemental s’est révélé faible pour les deux procédés physiques. « Il y a augmenté de 6,1% pour le désucrage, en lien avec la perte de 20% de moût, et seulement de 1,2% pour la désalcoolisation, notamment du fait des radiations ionisantes », termine Sophie Penavayre.