près un parcours de plusieurs années, les modifications du cahier des charges de l’appellation Saint-Chinian entrent dans leur dernière ligne droite. Le Journal Officiel (JORF) a en effet publié le 20 juillet dernier l’ouverture de la procédure nationale d’opposition (PNO), pour des modifications touchant aux cépages principaux, aux proportions d’assemblage et à une petite partie de l’aire d’appellation. Initiées il y a près d’une décennie, ces volontés de changement « s’inscrivent dans une démarche d’adéquation des profils de vins avec les attentes du marché, mais également l’adaptation aux contraintes de sécheresse du climat », explique Luc Simon, vigneron du Clos Bagatelle et président de l’AOC Saint-Chinian.
L’intégration du Carignan parmi les cépages principaux pour les vins rouges et rosés, ou le Rivairenc noir en cépages accessoires (et le Bourboulenc pour les blancs), répond à cet enjeu adaptatif à la sécheresse, avec ces variétés historiques des terroirs arides méditerranéens. « Je regrette simplement que nous n’ayons pas pu aller plus loin dans l’intégration de Vifa (variétés d’intérêt à fin d’adaptation, ndlr), qui restent à maximum 10% de l’assemblage, pour aller encore plus loin face à ces problèmes récurrents de sécheresse », enchaîne Luc Simon. D’autant que Saint-Chinian relève la particularité d’un terroir à double face, entre sols profonds argilo-calcaires d’un côté et schistes beaucoup plus sensibles au manque d’eau.


Cette avancée du cahier des charges illustre également une volonté de laisser plus de place aux vins blancs au sein d’une appellation historiquement centrée sur ses rouges. « Les blancs ne font que 5% de nos volumes mais presque 10% de nos ventes, c’est évidemment une orientation du marché à laquelle nous devons coller », tranche Luc Simon. Le président insiste par ailleurs sur l’adhésion des jeunes producteurs de l’appellation à ces nouvelles possibilités dans les profils de vins. « Nous avons mis en place cette commission jeunes depuis un peu plus d’un an. Ils se sont tout de suite positionnés en appuyant cette évolution du cahier des charges, en particulier sur les possibilités d’assemblage apportant des profils de vins en rapport avec les attentes de leur clientèle, avec finesse, fraîcheur, élégance mais toujours l’identité de notre AOC », relance Luc Simon. C’est en ce sens que des parcelles orientées nord ou des terroirs d’altitude ont été intégrés dans l’aire d’appellation à l’occasion de ces modifications.
Malgré les difficultés commerciales, « qui touchent autant notre appellation que le reste du Languedoc », précise Luc Simon, le président voit ses troupes garder le moral face aux difficultés. « Notre force réside dans le maintien de l’identité de nos vins que nous avons su préserver, tout en proposant un rapport qualité-prix de premier plan », rappelle-t-il. A l’issue de la PNO de deux mois, ce sera donc le prochain ministre de l’agriculture qui validera ce nouveau cahier des charges pour l’AOC Saint-Chinian, qui sera donc applicable à compter de la récolte 2025.