ildiou, millerandage, coulure. S'ils sont installés sur trois zones différentes du Lot-et-Garonne, trois coopérateurs ont observé dans leurs vignobles des phénomènes similaires au cours de la saison. Si bien que tous sont convaincus d'avoir perdu de la récolte. Dominique Chaugier, installé sur l'appellation Duras, à Villeneuve-de-Duras, en gaec (HVE) avec son frère, n'a pas encore commencé les vendanges ce mercredi 4 septembre, mais il estime avoir perdu environ 20% de ses merlots (environ 10 ha de l'encépagement) à cause du mildiou. « Cela a été une année de grosse pression, insiste le coopérateur de la cave Berticot qui possède 25 ha de vignes. C'est lié à l'importante pluviométrie que nous avons connue. Du 20 octobre à fin juin, il est tombé l'équivalent d'une année de pluie ».
Sur l'appellation Buzet, Philippe Sarion (HVE), coopérateur à la cave des vignerons de Buzet, a décidé de ne pas vendanger du tout ses 2,5 ha de merlots. « C'est principalement à cause de la coulure et du mildiou. Jusqu'au 20 juin, j'avais réussi à contenir la maladie. Mais ensuite, les températures sont remontées. Et là, j'ai eu directement des attaques sur grappes », explique le viticulteur, qui, cette saison, a appliqué une douzaine de traitements sur ses vignes installées Barbaste et Xaintrailles. Il lui reste 5,5 ha (malbec et cabernet sauvignon). « La récolte devrait être à peu près normale sur le malbec [3,5 ha], et, je devrais faire une demi-récolte sur les cabernets-sauvignons. »


A Sainte-Bazeille, sur l'appellation Marmande, Romain Simonnet (conventionnel), qui a commencé les vendanges jeudi 5 septembre, a du mal à estimer ses pertes. « On a eu un peu de mildiou, de millerandage, et aussi de la coulure. Mais c'est très hétérogène. » Le coopérateur de la cave du Marmandais, également membre du conseil d'administration, sait cependant que les prévisions pour l'ensemble des coopérateurs sont d'environ 45 000 hectolitres. « Or, il faudrait 50 000 hectolitres pour couvrir toutes les charges de structures de la cave », renseigne le coopérateur qui travaille avec ses frères 63 ha de vignes (56 ha pour la cave du Marmandais et le reste pour la cave Les coteaux d'Albret à Mesterrieux en Gironde).
En dépit de ces petites estimations, Romain Simonnet termine cette saison sur une meilleure note qu'en 2023. « Pour cette campagne, on a mieux réussi à lutter contre le mildiou ». Un résultat qu'il doit, selon lui, à un changement de traitements. « On est passés à des produits systémiques. Avant, on utilisait des produits de contact et pénétrants. » A l'échelle de la cave, si les prévisions se révèlent justes, la production devrait également être supérieure à 2023 (année où la cave a produit environ 43 000 hectolitres).
A Buzet, Philippe Sarion juge avoir moins perdu d'argent en 2024 qu'en 2023, grâce à la réduction de sa surface opérée à la fin de l'année dernière. « Je suis passée de 23 à 8 ha. Ainsi, j'ai réduit les coûts », indique le viticulteur qui a arraché ses vignes et mis ses parcelles en fermage céréalier.
Donnant la priorité à ses emprunts, Philippe Sarion ne se verse plus de salaire. Il espère tout de même que le secteur viticole, et notamment sa cave placée sous sauvegarde, connaîtra des jours meilleurs. « Pour moi, à l'avenir, nous devrions être un peu moins nombreux. En effet, nous produisons plus que la demande. Il faut également s'adapter au marché en faisant des vins plus rafraîchissants, suggère le coopérateur. Enfin, je vois aussi comme une solution, le fait de se regrouper entre caves, pour optimiser tous les frais fixes. Cela permettrait de mutualiser toutes nos charges. »