omme elle en a pris l'habitude depuis quelques années, la Sicarex Beaujolais, station de recherche viti-vinicole de la région, organisait le 30 août une « Parcelle ouverte » au château de l'Eclair. Dans ce domaine situé dans les Pierres dorées, une parcelle est dédiée à l'expérimentation de nombreuses variétés. « Nous en cultivons 178, dans le but d'identifier des caractères d'intérêt et des marqueurs génétiques afin d'orienter les futures sélections, résume Taran Limousin, ingénieur IFV- Sicarex spécialiste du matériel végétal. Une partie est testée pour leur résistance aux maladies : ce sont des variétés françaises anciennes, des variétés étrangères ou encore des variétés issues de programmes de sélection récents comme Resdur 1, 2 et 3. D'autres sont étudiées pour leur faculté d'adaptation au changement climatique : elles viennent souvent de pays étrangers : Maghreb, Caucase... Un autre groupe était constitué de cépages d'autres régions françaises, peu plantés en beaujolais : viognier, marsanne, roussane, carignan, nielluccio... »
Après avoir déambulé dans la parcelle, les participants, professionnels et étudiants, ont pu déguster les vins issus de ces variétés inhabituelles, en comparant à un témoin issu de gamay ou de chardonnay. Sur le plan des résistances aux maladies, « cette année a bien confirmé la très bonne tolérance de toutes les variétés issues des programmes Resdur par rapport aux maladies cryptogamiques, reprend Taran Limousin. Et les variétés Resdur 3 ont aussi montré une assez bonne tolérance au blackrot, même en l'absence de traitement. Avec les deux traitements préconisés en situation de risque, il n'y a eu aucun dégât. Côté cave, elles ont aussi un très bon potentiel et donnent des vins assez aromatiques. »
Concernant l'adaptation au changement climatique, le programme expérimental de la Sicarex en est encore à ses débuts. La parcelle dédiée a été plantée en 2021, avec seulement six pieds de chaque variété, ne permettant pas de réaliser d'essais de vinification. L'objectif est seulement d'observer le comportement de la vigne. « Déjà l'an dernier, nous avions observé une énorme différence sur la véraison qui s'étalait sur plus d'un mois et demi, partage Taran Limousin. C'est encore le cas cette année. Chez nous, le cépage le plus précoce a été le solaris, une variété résistante allemande, qui était à 100 % de véraison le 26 juillet. Les plus tardives sont la tsitska de Géorgie et l'asmi noir du Liban, qui ne sont pas encore à véraison ce deux septembre... »
S'il fallait retenir un seul nom des essais menés jusqu'à présent, l'ingénieur penche pour le coliris. « Cette variété issue du programme Resdur 2 a donné de très beaux résultats chez nous, observe-t-il. Il donne des vins fruités, un peu tanniques mais agréables. Le bémol serait son débourrement précoce, mais il arrive ensuite à maturité en même temps que le gamay. Il tolère très bien la pourriture grise et les maladies cryptogamiques, ainsi que le black rot. Selon nous, c'est une variété prometteuse pour le beaujolais. »