eudi 11 juillet, vers 17h00, un orage d’une rare violence s’abat sur les coteaux de Saint-Sernin-de-Duras, dans le Lot-et-Garonne. Les vignes de Mickael Mazeras, propriétaire de 37 hectares sur le secteur, n’y échappent pas. « Des grêlons de 6 cm de diamètre, des rafales de vents à déraciner les arbres et 30 mm de pluie auront suffi à anéantir en quelques minutes le travail des six derniers mois, se désole le vigneron, abasourdi. Sur Saint-Sernin-de-Duras, 11 ha sont touchés. Merlot, cabernet-sauvignon, sauvignon blanc, aucun cépage n’a été épargné. Les bois sont déchiquetés, les baies éclatées, les rameaux arrachés. On estime pour le moment la perte de récolte entre 30 et 90 % selon les parcelles. Sur certains pieds, les grappes ne tiennent plus qu’à un fil. Les grêlons ont partiellement sectionné les pédoncules et en cicatrisant, on sait que les grappes vont tomber au sol. » Pour sauver les baies intactes et accélérer le processus de cicatrisation, le vigneron s’est empressé de traiter les parcelles ravagées, dès le lendemain. « Selon les recommandations de mon conseiller viticole, j’ai appliqué 250 g/ha de cuivre et 3 kg/ha de soufre mouillable. » À 15 jours de la véraison, le vigneron espère ainsi prévenir d’éventuelles attaques de mildiou, d’oïdium mais aussi de botrytis, le cuivre ayant pour effet de durcir la pellicule des baies.
À Sauveterre-de-Guyenne, en Gironde, Xavier Lumeau, propriétaire du domaine des Léotins, a lui aussi traité dès le lendemain ses parcelles abîmées par l’orage du 11 juillet. « Sur les 150 ha du domaine, 30 ha, principalement du merlot, ont été touchés par la grêle et le vent, précise le vigneron, très optimiste. On estime les dégâts à 50 % pour le moment, si les grappes touchées ne cicatrisent pas, mais entre le beau temps annoncé et le mélange cuivre-soufre appliqué, on espère les limiter à 30 %. » Et de préciser : « Si l’orage de grêle avait éclaté au 15 août, à trois semaines de la vendange, on aurait été obligé de récolter en urgence des raisins à peine murs. Là , si on maîtrise le mildiou et le botrytis, on peut encore sauver une partie de la récolte ». Au domaine des Léotins, les rafales de vents ont également emporté une partie du toit du chai et les grêlons ont transpercé des tuiles. Xavier Lumeau doit s’atteler à bâcher son toit au plus vite, pour rentrer la vendange 2024 dans les meilleures conditions possibles. Il compte de plus sur la clémence de la météo pour qu’en septembre, il fasse sec.
À Saint-Pons, en Ardèche, Victor Sachot n’a, lui, plus rien à sauver de ses 20 ha de vignes lacérés par les orages du 12 juillet. « Le vent était d’une telle force que les grêlons fuselaient à l’horizontale, sectionnant les grappes et déchiquetant les feuilles, décrit-il. L’orage a commencé à gronder vers 7 h 15. À 7 h 35, la vigne était nue… La perte de récolte oscille entre 80 et 100 % selon les parcelles. » Désormais, le seul objectif de ce vigneron est de préserver les jeunes feuilles, afin de favoriser l’aoûtement des bois et la mise en réserve à l’automne. « J’ai arrêté le soufre, je ne traite plus qu’au cuivre pour protéger du mildiou les jeunes feuilles, affirme-t-il. Pour cette année, c’est foutu, il faut maintenant songer à la récolte de l’année prochaine et des années suivantes. » Le jeune vigneron prévoit de retailler à deux yeux tous ses complants touchés d’ici à la fin du mois de juillet. « Mais pour les vignes établies, inutile de retailler en vert, le cycle végétatif est trop avancé, assure-t-il. Il faudra attendre l’hiver prochain pour tailler, et sûrement repasser en cordon les parcelles en guyot les plus touchées, le temps que la vigne se rétablisse. »