e 9 juillet, Wine Australia a publié son bilan de récolte nationale qui montre une augmentation de 9 % des volumes par rapport à la récolte historiquement faible de 2023, mais une baisse significative par rapport à la moyenne décennale. En effet, à 1,43 million de tonnes, la production en 2024 s’avère nettement inférieure (-17 %) à la moyenne sur dix ans, équivalente à 1,73 million de tonnes.
Australie : -40 % de rouges par rapport au pic de 2021D’après le responsable des informations marché chez Wine Australia, Peter Bailey, il s’agit du troisième millésime sur les cinq derniers qui s’inscrit en baisse par rapport à la moyenne décennale. « Néanmoins, cette baisse de récolte ne reflète pas nécessairement une diminution du potentiel de production. Il n’y a aucune indication que la superficie du vignoble a régressé de manière significative, donc la possibilité qu’il y ait de nouveau une grosse récolte demeure intacte sans gestion active des rendements ». Et d’attribuer la baisse de la production de raisins rouges cette année à « des décisions prises par les producteurs de raisins et entreprises vitivinicoles pour réduire la production en raison de la faible valorisation des raisins, d’importants stocks excédentaires de vins rouges et d’une demande mondiale en baisse ». Enfin, autre fait marquant cette année : pour la première fois depuis 2014, la production de blancs est supérieure à celle des rouges, cette dernière étant inférieure de 40% à son niveau historique de 2021.
Chili : baisse de 20-25 % par rapport à la moyenne
Si la Nouvelle-Zélande n’a pas encore publié d’estimations de récolte officielles, les retours des producteurs indiquent une régression significative des volumes par rapport à l’an dernier à cause d’une mauvaise floraison, de gelées tardives dans certains secteurs puis de conditions de sécheresse. En l’absence de bilan officiel à ce jour au Chili, les premières indications montrent une baisse de l’ordre de 20 à 25% par rapport à la moyenne. « La récolte sera beaucoup plus faible que l’année dernière », confirme Benoît Fitte, responsable technique auprès du groupe Survalles, l’un des plus gros exportateurs de vins au Chili. Pour cet œnologue français, les origines de cette diminution résident dans plusieurs facteurs, dont les arrachages et les abandons de vignes : « Pour les arrachages, il n’y a pas de clarté, mais on peut penser que le Chili a arraché plus de 10 000 hectares les deux dernières années. Pour les abandons de vignobles, il n’y a pas de clarté là non plus mais plusieurs milliers d’hectares ne seraient pas une surprise ». Et de citer également les pluies dans la région de Maule et d’Itata pendant la floraison et le manque d’amendements ces deux dernières années. Côté positif : « En raison des conditions climatiques, du retard, des rendements faibles et de l’hétérogénéité des maturités, c’est un millésime de précision ». Résultat : « On aura une très bonne qualité de millésime avec des acidités naturelles plus hautes et des vins avec beaucoup plus de fruits frais ».
De l’autre côté des Andes, l’Argentine s’attend à une récolte en progression de 25% par rapport à 2023, année de faible récolte, mais à une baisse comparée à la moyenne. Le pays a eu son lot de difficultés ces dernières années, notamment économiques. Des difficultés qui se reflètent cette année dans le prix des vins : « A l’origine, on pensait qu’avec des stocks importants et un marché intérieur fragile, les prix des vins à l’exportation en 2024 seraient inférieurs à ceux de 2023, surtout après la forte dévaluation de décembre de l’année dernière », note Lost Valley, entreprise argentine spécialisée dans les vins de cépage en vrac. Finalement, « la dévaluation du peso a fait augmenter le prix des importations, les factures d’électricité ont augmenté de 500 % entre janvier et juin et l’inflation du premier semestre a rongé l’avantage concurrentiel créé par la dévaluation du peso ». Selon Bodegas de Argentina, les exportations totales de vins et moûts argentins ont reculé de 31,7% en 2023.
Afrique du Sud : -7% en volume, mais des ambitions en valeur
Les perspectives sont plus positives en Afrique du Sud où, là aussi, on s’attend à une production en baisse par rapport à 2023. D’après le dernier bilan de Sawis, la production 2024 est estimée à 8,57 millions d’hectolitres, soit 7% de moins que l’an dernier. Si les cépages précoces ont accusé une baisse en volume, les variétés plus tardives ont globalement donné des rendements plus importants. South Africa Wine note cependant que la saison 2024 a « véritablement testé la résilience de la filière vitivinicole sud-africaine », notamment en raison d’une série d’incidents climatiques importants (gelées, inondations, vent…). L’organisme professionnel se montre toutefois positif, affirmant qu’une forte demande conjuguée à une faible récolte ont permis d’équilibrer les stocks : « Les volumes plus faibles impliquent une pression importante sur les producteurs de vins en termes de coûts, mais ils permettront à la filière de tenir ses engagements visant à assurer une croissance en valeur sur l’ensemble des marchés ». D’autant plus que la qualité est qualifiée « d’exceptionnelle ».