L'orage gronde. Il ne faut pas attendre l'incendie pour agir". Laurent Delaunay, président du Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), n'a pas mâché ses mots lors de l'assemblée générale du 3 juillet dernier, à Beaune. Et ce en dépit d'une situation encore excellente sur les marchés. "La Bourgogne vit un âge d'or depuis 20 à 30 ans. Or, c'est quand tout va bien que l'on doit s'interroger et se préparer."


François Labet, président délégué, abonde en ce sens. "Nous sommes un îlot de prospérité dans un monde du vin en crise, mais les causes de la crise rodent aussi pour nous". Et d'égréner les défis qui s'annoncent. "Le contexte de déconsommation, le développement de l'hygiénisme, les aléas climatiques et la pression sanitaire qui l'accompagne". Dans ce contexte, "il faut prendre gare à l'autosatisfaction. Le Bourgogne bashing guette. Est-ce que des choix raisonnables nous permettront de circonscrire l'incendie ? "
Pour y parvenir, différents outils ont été présentés lors de cette assemblée générale. Côté consommateurs, l'interprofession s'apprête à lancer un plan de communication grand public national, une première depuis de nombreuses années.


Quant aux marchés, Laurent Delaunay estime qu'un pilotage plus précis va devoir s'imposer, notamment entre négoce et viticulture. "J'entends parfois qu'un peu de gel ou un peu de coulure ne nous feraient pas de mal pour réguler le marché. Mais une régulation par l'aléa subi n'est pas une régulation. Je pense que nous pouvons aller encore plus loin dans la prospective, et revoir nos pratiques contractuelles. La loi Egalim va nous y obliger, et je ne doute pas de la capacité des deux familles [négoce et viticulture, ndlr] à trouver une solution équilibrée".
Le propriétaire de la maison Edouard Delaunay se veut confiant, car "l'évolution est dans l'ADN de la Bourgogne". Un sentiment partagé par François Labet. "Nul doute que nous saurons encore faire face, nous avons tous les outils en main".
Cette assemblée générale a également été l'occasion de renouveller la convention qui lie la place financière de Bourgogne au BIVB. Objectif : mettre en place des outils financiers spécifiques à la plantation et à la complantation, dans un contexte où environ un tiers du vignoble bourguignon est concerné par des problématiques de dépérissement.