e sont des signes qui ne trompent pas : « contrairement aux précédentes campagnes en primeur, précédentes, les propriétés n'ont pas cherché significativement à lier des offres - des bouquets nécessitant l’achat de cuvées moins attrayantes pour obtenir une allocation plus recherchée » et « aucun château n'a offert de vin en tranches cette année - avec une offre initialement à bas prix pour tester le marché, avant de proposer des prix plus élevées sur les tranches suivantes » rapporte le dernier rapport de la plateforme anglaise d'échange de vins fin Liv-Ex, avançant pour l’expliquer que « les propriétés n'ont probablement pas eu suffisamment de marge de manœuvre pour appliquer ces stratégies en raison de la faiblesse de la demande globale ». L’expert notant que « même les vins qui ont été considérés comme des succès relatifs, tels Pontet-Canet et Lafite Rothschild, restent disponibles à l'achat aux prix d'ouverture ».
En somme, le marché des grands crus de Bordeaux en primeur devient piloté par l’offre et non plus la demande. Avec « le sentiment général d'un "open bar" pour les acheteurs, qui sont libres de choisir les meilleures opportunités à leur guise » résume Liv-Ex, rapportant que « des négociants auraient offert des rabais allant jusqu'à 10 % sur certaines sorties aux prix élevés. Un distributeur déclare qu’un rabais de 5 % est "la norme de nos jours". » Mais la plateforme anglaise ne jette pas le bébé avec l’eau du bain : pour Liv-Ex, le système des primeurs évolue depuis ce printemps pour survivre.


Clairement, « il n’a jamais été dit que la campagne des primeurs 2023 allait être facile. Cette année, les propriétés ont été chargé de sortir un bon – mais pas grand – millésime dans l’un des marchés les plus difficiles qui soit depuis plus d’une décennie » pose le rapport britannique. Alors que la demande en vins fins est sous pression dans le monde (du fait de l’inflation et des incertitudes économiques), « le marché des Bordeaux est en train de dériver depuis deux ans. L'offre a dépassé la demande sur le marché secondaire et les prix continuent de baisser », ce qui remet en question l’intérêt des sorties en primeur (les prix en livrable pouvant être similaires voire inférieurs à ceux en primeurs rapporte Liv-Ex).
Avec des prix moyens en primeur réduits de 22,5 % pour le millésime 2023 par rapport au 2022, « les baisses de prix globales pour le millésime 2023 suggèrent un certain niveau d'engagement envers le système des primeurs » salue Liv-Ex. Après la sortie à -40 % du château Léoville las Cases, qui a marqué les esprits et le démarrage précoce de la campagne ce printemps, les baisses sont allées jusqu’à -40,5 % pour Figeac, -39,5 % pour Haut-Brion… Mais avec d’autres propriétés plus timorées dans le rabais tarifaire, globalement « ces baisses représentent un petit pas vers un système assaini, mais la langueur des ventes cette année suggère également que les réductions n'ont pas été assez fortes » pondère Liv-Ex, qui relativise l’effort comme « le millésime 2022 a été largement considéré comme ayant été surévalué dans de nombreux cas ». Le site anglais épingle par exemple Cos d’Estournel, qui « illustre qu’une baisse de prix relative ne permet pas de savoir s’il s’agit d’une bonne affaire » avec sa baisse de 35 % sur le 2023, mais par rapport à un 2022 lui-même en hausse de 29 %, ainsi « la baisse de cette année a ramené les prix à la terre, mais est restée 11 % supérieure aux autres millésimes récents en moyenne. Cela en a fait une vente difficile. »
Rendez-vous reporté
« Alors que les baisses de prix étaient un pas dans la bonne direction, ce dont le marché avait besoin était un saut » pour réussir les primeurs 2023 résume Liv-Ex, qui met déjà la pression pour l’an prochain. Alors que les stocks augmentent en propriété, au négoce et dans la distribution, « pour que les primeurs se maintiennent, il faudra trouver une nouvelle base de collectionneurs engagés – ce qui pourrait bien nécessiter une réinitialisation du prix. Tous les yeux se tournent vers Bordeaux 2024 » conclut la plateforme.