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Le vignoble bordelais "va approcher des 20 000 ha arrachés" en 2024
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Arrachages primés et spontanés
Le vignoble bordelais "va approcher des 20 000 ha arrachés" en 2024

La déception du manque de reprise commerciale après la petite vendange 2023 se dispute aux extrapolations sur l’ampleur de l’arrachage cet hiver 2024 dans le vignoble bordelais. Le point avec Denis Baro, le président de Coopération Agricole Nouvelle Aquitaine.
Par Alexandre Abellan Le 24 mai 2024
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Le vignoble bordelais
« Il y a deux ans je n’étais pas fana de l’arrachage, mais il faut se rendre à l’évidence » pointe Denis Baro, ce 23 mai sur salon de l'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine (à Bordeaux). - crédit photo : Alexandre Abellan
L

a demande de vin en vrac semblant à l’arrêt à Bordeaux, les caves coopératives doivent-elles apprendre à marche forcée à vivre sans négoce ni grande distribution ?

Denis Baro : Heureusement non, le marché n’est pas totalement à l’arrêt ! Il se fait encore des transactions, et pas à n’importe quel prix. Il y a beaucoup d’attentisme dans le négoce, c’est vrai. Et la reprise que l’on appelait tous de nos vœux, que l’on espérait tous, se fait attendre. La reprise arrivera, mais elle est longue à venir. C’est une déception je le reconnais. Avec la petite récolte de 900 000 hectolitres en Bordeaux rouge, on aurait pensé que la reprise serait plus rapide. On est à l’équilibre entre offre et demande : la déception vient de là. Nos vins proposent l’un des meilleurs rapports qualité/prix au monde. La reprise aurait dû être plus forte et plus rapide.

Nous n’avons pas attendu cette période difficile pour anticiper la diversification de nos débouchés (voir encadré). Les caves coopératives essaient de garder et conforter leurs débouchés en bouteilles. La demande de la grande distribution est compliquée, avec des appels d’offre bas en Marques De Distributeurs (MDD). Les négociations ont été plutôt compliquées…

 

Vous pensez que ce rééquilibrage entre offre et demande va porter ses fruits, commercialement parlant ?

Après la distillation, on peut garder confiance. Et avant que vous ne posiez la question sur l’arrachage, il est difficile de se prononcer tant que l’on n’a pas le nombre d’hectares effectivement arrachés. Si l’on parle beaucoup des 8 000 ha arrachés cet hiver [NDLR : avec l’aide à 6 000 €/ha] mais il suffit de regarder les tas de pieds de vignes dans la campagne et d’entendre les échos des viticulteurs pour penser que l’on sera largement au-delà [NDLR : de l’arrachage sanitaire financé par l’Etat et l’interprofession, avec des arrachages spontanés]. On sera sans problème au double. On va approcher des 20 000 ha arrachés, on les dépassera sans doute. Tant que l’on n’a pas une connaissance exhaustive de cet arrachage, tout le monde est attentiste. Les équilibres de marché seront là pour les Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Même si toutes les régions sont touchées, c’est surtout l’Entre-deux-Mers et le Blayais qui arrachent.

Cette extrapolation de 20 000 ha arrachés inquiète : cela représente 10 à 15 % de perte de production dans nos structures coopératives. Avec une crise qui est subie depuis des années, nos coopératives ont les reins plus ou moins solides… Des efforts sont faits pour continuer à verser les acomptes, mais des situations sont très compliquées.

 

Les frais de structure restant fixe, la diminution d’apport va-t-elle mettre en péril l’outil industriel des coopératives ?

Il est évident que ce diviseur en moins va peser sur les entreprises. Tout dépendra du montant des charges et de leur gestion. Il faudra faire une étude exhaustive de chaque coopérative, sur ses surfaces et son devenir pour se restructurer. Il faut être prudent, mais toutes les entreprises ne pourront pas tenir. Les outils industriels vont être en surcapacité. Tout le monde va devoir réfléchir. Aujourd’hui, on ne peut plus rêver : la déconsommation est là, elle est mondiale et ça ne va pas reprendre comme espéré. Il se passera ce qu’il se passera avec le plan d’arrachage [sanitaire en cours pour la Gironde et temporaire/définitif nationalement dans les prochains mois].

 

Si le vignoble bordelais arrache fortement, cela ne risque-t-il pas de donner un coup de balancier où la demande deviendrait supérieure à l’offre ?

Il ne faut pas manquer de vin demain. Nous vendons pas loin de 4 millions d’hectolitres à Bordeaux. Il faut continuer à alimenter les marchés, sinon on perdra des parts de marché que l’on ne pourra jamais reconquérir. Cela n’empêche pas de continuer à travailler à la diversification : produire du vin avec moins d’alcool ou sans alcool, revenir à du claret en AOC Bordeaux pour proposer des vins plus jeunes et à boire frais… Certains passent en IGP et VSIG pour augmenter leur sucrosité. La production de crémants de Bordeaux augmente, mais attention, les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel.

 

Si le ciel des marchés est gris, celui du vignoble est pluvieux : avec une pression mildiou de nouveau forte.

C’est la grosse inquiétude actuelle. Si tous les printemps à Bordeaux sont comme celui de cette année et de la précédente, ça ne va pas être possible de continuer longtemps. On n’a pas de sous et on doit traiter. Certains confères disent qu’ils ne savent pas s’ils seront capables de traiter jusqu’à la fin de la campagne. C’est dramatique. Et ceux qui sont encore là ne le sont pas par hasard, ils ont tous mangé du patrimoine pour rester.

 

Une carte coopérative des caveaux de vente

Lancée au salon de l'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine, la carte des magasins issus et dépendants des coopératives agricoles recense 108 points de vente, dont 70 caves coopératives (majoritairement de Gironde). Non-exhaustif, ce premier jet diffusé dans les offices de tourisme et coopératives va être mis à jour en ligne précise Agnès de Carrère, chargée de mission à la Coopération Agricole Nouvelle Aquitaine, qui souligne l’objectif de « rapprocher les consommateurs, locaux ou touristes, des points de vente coopératifs, de mettre en avant les animations touristiques, d’expliquer également les emplois ruraux que cela génère avec l’ancrage territorial ».

Il s’agit de parler du « modèle coopératif [qui] a toute sa valeur dans l’époque actuelle » confirme Denis Baro, avec des nécessités d’évolution et de diversification. Evoquant en moyenne un impact économique de la vente directe de quelques pourcents sur les chiffres d’affaires coopératifs, le président de la Coopération Agricole régionale pointe que « ce n’est pas sur ça que l’on nous attend pour payer les acomptes des adhérents. C’est une façon de renforcer notre image et de participer à la fierté des adhérents qui peuvent partager leurs produits. »

La carte permet de « donner de la fierté et de la visibilité, de diversifier les réseaux de ventes, de montrer les produits aux visiteurs » résume Philippe Sommer, le délégué régional de Coopération Agricole Nouvelle Aquitaine.

Denis Baro, Agnès de Carrère et Philippe Sommer présentent la carte des points de vente coopératif ce 24 mai à Bordeaux. Une carte similaire existe en Occitaine.

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Tous les commentaires (4)
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Médocon Le 31 mai 2024 à 09:21:33
Si garder des parts de marché signifie se présenter devant les acheteurs des GMS la corde au cou ?libre à vous. Cela ne concerne que les super viticulteurs ou pseudo viticulteurs qui ne sont plus que des usines à Pinard. Même les négociants qui avaient acheté de vastes domaines se retrouvent dans le même dilemme que les petits viticulteurs?leurs coût de production explosent. Délenda carthago est
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Renaud Le 25 mai 2024 à 09:02:28
Merci Stéphane. Je me sentais un peu seul à dire que la main invisible du marché était le régulateur absolu. Ce n'est qu'en effet une vision libérale qui pour fonctionner doit avoir plusieurs conditions. Condition qui ne sont pas remplies aujourd'hui. Aujourd'hui nous devons réguler ce marché pour le rendre plus attractif. Les deux outils principaux et tangibles sont les volumes ( les petites récoltes précédentes et les campagnes de distillation y ont pourvues), et l'arrachage et abandon continueront. Mais pour relancer l'achat il faut recréer de l'attractivité économique aux opérateurs commerciaux et pour cela la régulation du cours est le second outil. Régulation autorisé uniquement si collectivement nous créons et faisons vivre une OP. Cet ambitieux sujet est enfin travaillé depuis un semestre à Bdx et nationalement. Pour revenir à l'article tant mieux si tout va bien pour la coopération mais faudrait que les viticulteurs qui financent le système en reçoivent les fruits Car aujourd'hui ils en meurent.
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Stéphane Le 24 mai 2024 à 13:58:36
Réduire l'offre amène à perdre des parts de marché. La régulation de l'offre fonctionne dans un marché d'offre et de demande de produits de nécessité ou de matière première. Ce n'est pas le cas du vin qui n'est pas un produit alimentaire indispensable. Ce qui est gênant, c'est que dans le contexte actuel d'une filière qui a des résultats négatifs, et d'un modèle qui ne fonctionne pas et montre ses limites, on préfère s'adapter en diminuant l'offre plutôt que de changer de paradigme.
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bill et boule Le 24 mai 2024 à 11:09:58
Les caves coopératives, tout comme les crus indépendants les crus bourgeois et les crus classes avaient leur place bien légitime dans le catalogue de l offre bordelaise en général et medocaine en particulier. La spéculation foncière à eu pour effet de réduire fortement la sau des coopératives et l abandon caracterise de la part du négoce à réduit quasiment à néant l offre. Pauillac , Saint Estephe , Saint seurin de cadourne , Saint yzans et actuellement Gaillan souffrent de l appétit de leurs grands voisins et de l inertie de la Place. Les coopérateurs sacrifient leurs patrimoines et leurs revenus personnels pour continuer à apporter leur production annuelle aux caves ...qui de plus en plus peinent à rémunérer leurs adhérents. Les sorties de caves post vendanges 2024 feront des heureux chez les grands voisins qui ainsi continueront à récupérer à bon compte de la surface agricole . "C est la loi de l offre et de la demande" nous dit on ...et le plus fort c est que cette pensée unique martelée par le civb depuis 20 ans finit par étre tellement omniprésente ...que ses victimes elles mêmes en répètent la ritournelle ! En fait les grandes exploitations font desormais tellement la loi sur la presque île que la survie des autres types d opérateurs est désormais menacée. c est la loi de l offre et de la demande on vous dit , survival of the fittest aurait dit plutôt Darwin ... C est aujourd hui les coopératives, demain ce sera le problème des artisans puis des bourgeois si les pouvoirs publics continuent a se croiser les bras.
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