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2 gardes à vue, la crise viticole se judiciarise et se polarise
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Pays d’Oc
2 gardes à vue, la crise viticole se judiciarise et se polarise

Faisant suite à la violation de domicile du président de Pays d'Oc, Jacques Gravegeal, des convocations à la gendarmerie et deux mises gardes à vue font monter à la surface les multiples tensions sous-jacentes de la première IGP de France. Qui vient de sortir de la fédération nationale, pour brouiller encore un peu plus les cartes.
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2 gardes à vue, la crise viticole se judiciarise et se polarise
Une quinzaine de vignerons sont restés devant la gendarmerie de Saint-Jean-de-Védas ce 21 mai pour manifester leur soutien aux mis en gardes à vue. - crédit photo : Olivier Bazalge
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ournée vigneronne sous tension ce mardi 21 mai devant les gendarmeries de Montpellier et ses alentours avec la convocation en audition libre de vignerons dans le cadre d’une enquête préliminaire pour la violation du domicile de Jacques Gravegeal, le président du syndicat des producteurs des vins Pays d'Oc IGP.  Son logement privé aurait reçu la visite d’une vingtaine de viticulteurs au petit matin ce samedi 6 avril à Campagne, commune de l’Hérault dont il est le maire. S’il n’y aurait pas eu de dégradation ni d’échange entre Jacques Gravegeal et ces vignerons mécontents, une ligne rouge a été franchie avec cette intrusion dans la sphère privée, s’inscrivant dans un contexte de tension autour de Pays d’Oc.

Appelés à se présenter ce mardi 21 mai aux gendarmeries de Saint-Georges d’Orques, Saint-Jean-de-Védas ou Saint-Matthieu-de-Tréviers, les 5 vignerons languedociens convoqués ont reçu le soutien de groupes de vignerons déterminés, les travaux à la vigne ne manquant pas ce printemps sous pression mildiou. Leur mobilisation étant alimentée par l’annonce de la garde en vue de deux vignerons convoqués, avec un possible déferrement au tribunal judiciaire de Montpellier ce mercredi 22 mai au matin. Parmi la quinzaine de vignerons présents à Saint-Jean-de-Védas, on répète l’argument que les personnes entendues par la justice n’avaient rien fait, voulant discuter avec Jacques Gravegeal de leurs difficultés et étant repartis sans dégradation. « Une visite amicale avec les croissants » glisse même un manifestant.

On va porter plainte pour diffamation !

Remis en liberté après son audition à Saint-Jean-de-Védas, Jean-Marie Tréboulet, l’ancien président du Syndicat Vignerons du Gard, juge aberrante toute cette procédure : « on va porter plainte contre Jacques Gravegeal pour diffamation ! » Ne décolérant pas, le vigneron gardois estime que « Jacques Gravegeal doit démissionner, sinon il cautionne les arrestations. Si le conseil d’administration de Pays d’Oc est derrière lui, cela veut dire qu’ils sont tous responsables. C’est une honte de porter plainte contre quelqu’un de sa famille [vigneronne]. » Ancien responsable du collectif des vignerons gardois, Michel Allemand pointe qu’« il y a toujours eu des échanges musclés pendant les crises. Ce n’est pas la première fois que quelqu’un va secouer un représentant chez lui et ça s’est toujours bien passé. »

Divisions irréconciliables

Une vision qui n’est pas partagée par tous dans la filière. « Quand on va chez les gens, on doit en affronter les conséquences » grince un élu de la filière, pour qui « on ne s’implique pas syndicalement pour avoir des gens qui viennent chez nous au petit matin. Je ne cautionne pas. Et je suis dans l’incompréhension : heureusement que l’on a Pays d’Oc, sinon ça serait pire... » Un sentiment qui n’est pas partagé par les vignerons qui manifestent et qui rapportent des problématiques financières de manque de trésorerie, d’acomptes réduits en cave coopérative ou de dettes pour l’achat de phytos qui pèsent depuis la campagne précédente.

Leur bouc émissaire est Jacques Gravegeal, vu comme un le bâtisseur de Pays d’Oc par le passé qui doit désormais passer la main à 76 ans. Demandant une grande réunion avec leurs représentants pour être écoutés, les manifestants reprochent « l’entre-soi » des instances de la filière vin. Évoquant pêle-mêle les tensions causées par l’importations des vins espagnols, le mouillage de vins ou le coefficient multiplicateur de la restauration, ces vignerons demandent une distillation immédiate pour assainir le trop plein, demandent un arrachage définitif non pas à 4 000 €/ha, mais à 10 000 €/ha. « Il n’est pas normal que l’on ne vive pas de notre métier » martèle Jean-Marie Tréboulet, pour qui la suite « sera plus musclée » s’il n’y a pas d’avancées. « S’il faut que l’on soit 300, on sera 300 » prévient Michel Allemand.

Gangs of Pays d’Oc

Avec ces convocations et gardes à vue, « ça fait monter la tension. Alors qu’il n’y avait pas besoin d’aller mettre de l’huile sur le feu. Il faut que Jacques Gravegeal passe la main, on ne peut pas mettre en garde à vue des jeunes, l’avenir de nos vignobles » prévient Martial Bories, le président cave coopérative Servian (Hérault), auditionné et mis en liberté. Le viticulteur biterrois estime qu’il a été convoqué parce qu’il lui a été retiré le mandat de représentation de Pays d’Oc IGP dans les instances nationales des vins IGP et qu'il pouvait être vu comme en voulant personnellement à Jacques Gravegeal. Il semble qu’il en ait été de même pour Gérard Bancillon, qui a perdu récemment son mandat pour Pays d’Oc et a été convoqué par la gendarmerie, avant d’être remis en liberté sans poursuite. Restant à la présidence de la Fédération nationale des Vins IGP (Vins IGP) malgré sa perte de mandat de Pays d’Oc, Gérard Bancillon a suscité l'ire de Jacques Gravegeal, qui n’a pas obtenu sa destitution de Vin IGP. En conséquence, Pays d’Oc s’est mis en retrait de Vins IGP. De quoi ajouter quelques boucles au sac de nœuds que forme le vignoble languedocien.

« Ces difficultés dans la profession, je trouve ça déplorable alors que tout indique que la crise va durer » soupire un syndicaliste, vieux briscard du Midi : « cette bagarre entre professionnels c’est franchement écœurant. Alors qu’on attend les mesures d’arrachage, on est encore dans la crise. Il y a des stocks importants et si la récolte 2024 est normale, on va avoir un début de campagne difficile. Nous ne sommes pas sortis d’affaire… » Comme le confie à Vitisphere un négociant : « aujourd’hui, il n’y a pas de marché et pas de solution. Ça ne peut qu’empirer… La situation est explosive. » Et les étincelles ne manquent pas à proximité des barils de mécontentements.

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