e projet européen Vitisad* rempile pour trois ans. « Nous sommes en train de finaliser les protocoles d’expérimentations qui nous permettront d’optimiser les solutions proposées en 2022 pour adapter les vignobles bordant la frontière franco-espagnole au changement climatique » annonce Fanny Prezman, ingénieure viticole au pôle Sud-Ouest de l’Institut Français de la Vigne et du Vin, partie prenante du projet, comme la Chambre d'Agriculture des Pyrénées Atlantiques et l'Université de Toulouse.
Pendant trois millésimes, de nouveaux essais vont être conduits sur l’utilisation de couverts hivernaux temporaires, implantés à l’automne et détruits au printemps par broyage. « Lors de Vitisad 1, entre 2019 et 2022, nous avions constaté chez nos vignerons partenaires du Jurançon un retard d’assèchement des sols au cours de l’été suivant d’environ une semaine et mesuré un écart de température de 10°C par rapport à des sols nus réduisant le risque d’échaudage des raisins » rappelle Fanny Prezman. Les couverts avaient tous restitué entre 40 et 50 unités d’azote, et certains avaient aussi amélioré le rendement et la qualité des moûts.
Les partenaires prévoient en parallèle de continuer de travailler sur le moment de pose de filets d’ombrage pour diminuer la teneur en alcool des vins, éviter les dommages liés aux coups de soleil, et limiter la contrainte hydrique. A Fronton, ils vont également renouveler des essais sur différents systèmes d’irrigation en comparant les conduits aériens, et les conduits placés enterrés sous le rang ou dans le rang. « Nous n’avions pas pu tirer de conclusions en 2022 car nous avions eu des problèmes de fuite en 2020 et un millésime trop humide en 2021 » se souvient Fanny Prezman.
A côté de l’irrigation, l’IFV et la Chambre d’agriculture vont essayer de trouver les moyens de maintenir la vigne dans un confort hydrique en mulchant les sols, en appliquant des biostimulants et en jouant sur la surface foliaire.
Après avoir comparé les dates de débourrement, les dates de véraison, et les teneurs en sucres de 38 cépages anciens surveillés par la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales dans un conservatoire et chez un viticulteur de Fronton lors du Vitisad 1, les partenaires ont décidé lors du Vitisad 2 de mesurer le potentiel hydrique et la transpiration du guillemot, du lercat, du pédauque, et du pé de perdrix. « Nous réaliserons également des vinifications pour étudier leur potentiel œnologique et avons déjà fait réaliser des greffages pour les évaluer dans des parcelles plus importantes, en contexte de production, et éventuellement les faire inscrire au catalogue des variétés de vignes de France » dévoile Fanny Prezman.
Le projet Vitisad 2 embarque aussi une dimension socio-économique, l’Université de Toulouse étant chargée d’étudier l’acceptabilité de toutes ces pratiques par les vignerons, les consommateurs, et la société civile. « De nombreuses questions se posent sur le partage de l’eau, l’intégration de filets dans les paysages viticoles, ou l’attrait pour de nouveaux cépages » explique Fanny Prezman. Les partenaires emmèneront bientôt la dizaine de vignerons prenant part au projet et d’autres curieux en Espagne pour qu’ils s’inspirent des bonnes pratiques qui y sont déjà mises en place.
*Le projet Vitisad va durer 36 mois jusqu'en février 2027 grâce à un budget de 865 446,42 €, cofinancé à 65 % par l'Union européenne à travers le programme Interreg VI-A Espagne-France-Andorre (POCTEFA 2021-2027). Les résultats de Vitisad 1 sont téléchargeables ici.