'est clair : il fait plus chaud. Entre les périodes trentenaires 1962-1991 et 1992-2021, la hausse moyenne de température dépasse 2 °C dans toute la région AURA (la Savoie enregistre même + 2,7 °C). Du côté des pluies, aucune tendance nette. Toutefois l'élévation de température augmente l'évapotranspiration : le bilan hydrique annuel a perdu en moyenne 40 mm dans la Drôme, et plus de 100 mm dans le Puy de Dôme et le Beaujolais.
Ces constats posaient le cadre de la journée Climat organisée à Tain L'hermitage le 22 mars, en présence de 60 acteurs de la filière viticole d'Auvergne-Rhône Alpes.
La Sicarex Beaujolais y dressait le bilan du projet OnAuRAVitChau, qu'elle a porté entre 2020 et 2023 en partenariat avec l'IFV, la chambre d'agriculture de la Drôme et la fédération viticole du Puy de Drôme. Ce programme financé par la région AURA a testé divers leviers d'adaptation.
En Drôme, sur un cépage syrah, deux modalités d'irrigation par goutte à goutte (journalière ou hebdomadaire) et une par aspersion ont été comparées à un témoin. Avec le goutte à goutte, il y a eu moins de stress hydrique et d'échaudage, les baies étaient plus grosses et le rendement supérieur de 50 % en 2020, avec plus de degré et moins d'acidité. Restent deux bémols : l'impact sociétal et environnemental (prélèvement 600 m3 /ha/an et émission de CO² par le pompage), et le coût estimé entre 140 et 270 €/ha, amortissable sur 15 ans.
Réduire la surface foliaire est une autre option. En Savoie et en Beaujolais, cela a permis de retarder la maturité de 1 à 15 jours, le maximum étant obtenu avec un rognage sévère (50 cm plus bas que le témoin). Le degré potentiel a diminué et l'acidité totale à la récolte a augmenté, de même que l'acidité du vin perçue sur le cépage Gamay. Il reste à évaluer l'impact sur la longévité des ceps, tempère la Sicarex.
Dans le Beaujolais et la Drôme, des filets antigrêle n'ont induit aucun changement dans la phénologie mais ont diminué le stress hydrique et le flétrissement des baies en Beaujolais. Dans la Drôme, en 2020 et 2021, les vins issus de vignes sous filets étaient plus épicés et végétaux. Cependant, le coût du matériel et des manipulations est élevé (1200 €/ha, amortissable sur 20 ans), et l'impact paysager doit être pris en compte.
Dernière piste testée sur cinq départements (Rhône, Savoie, Drôme, Ardèche, Puy de Dôme): le matériel végétal. Sur les stades phénologiques, les écarts au débourrement vont jusqu'à 6 jours entre clones et 15 jours entre cépages, pour des écarts à la récolte jusqu'à 15 jours entre clones et un mois entre cépages. La diversité intravariétale permet de jouer sur le degré potentiel et l'acidité totale (jusqu'à 3,5 % vol. et 1,6 g/L d'écart entre clones de gamay). L'acceptabilité par les consommateurs est bonne « à condition d'être transparents », relève la Sicarex.
Grêle, gel, sécheresse... Le changement climatique entraîne également des risques accrus de catastrophe, pouvant être atténués par des investissements adaptés. En Auvergne-Rhône Alpes, les investissements permettant de protéger la vigne des aléas climatiques et sanitaires peuvent être soutenus au titre du dispositif 203 du programme Feader (fonds européens du second pilier de la Pac) 2023-2027. Les demandeurs doivent être des agriculteurs actifs et peuvent déposer au maximum trois dossiers sur la période. Les dépenses éligibles (incluant le matériel d'occasion sous certaines conditions) doivent être comprises entre 5000 € et 200 000 € (400 000 € dans le cas d'un Gaec). Les demandes se font sur le portail de la Région : Investir dans les productions végétales pour limiter les r (auvergnerhonealpes.fr). Le dépôt d'un dossier est possible jusqu'au 19 avril inclus. Le dispositif sera ensuite fermé et rouvrira en septembre 2024.