e 31 janvier dernier, en pleine fronde agricole, le gouvernement annonçait des mesures de soutien au vignoble français écrasé par l’inflation, les aléas climatiques, la déconsommation... Trois mois après, l’arrachage temporaire pour 2024 et 2025 « a été notifié à la Commission européenne » et l’exécutif est « en attente du retour de validation. Le travail technique est en cours pour établir le dispositif d’ici début mai » indique le ministère de l’Agriculture sur sa plateforme de suivi des 70 mesures annoncées début 2024. Doté de 150 millions d’euros par l’État en supplément des fonds européens de restructuration, cet arrachage doit inclure « une option d’arrachage "sans replantation" en vue d’une diversification agricole, tout en assurant la continuité des autres actions du programme national d’aide » ajoute le ministère, précisant que « cela permettra aux viticulteurs qui se décideraient à se retirer de la production vitivinicole de rester dans l’activité agricole et d’investir dans d’autres productions agricoles, adaptées aux territoires et à leur climat. »
Mesure plus sonnante et trébuchante, le fonds d'urgence de 80 millions d’euros pour soutenir les trésoreries viticoles a été déployé sur 27 départements touchés par les aléas climatiques et économiques. « Comme annoncé, il a été déployé dès le lundi 5 février 2024, et les premiers paiements sont intervenus avant le Salon international de l’agriculture » (24 février) indique le ministère, indiquant que 2 045 dossiers ont été traités au 16 avril (pour 13,23 millions € versés). Si ce fond est quatre fois plus conséquent que celui initialement prévu, des vignobles ont regretté la faiblesse des fonds disponibles et ont demandé des rallonges.


Pour soutenir les trésoreries en difficulté, les réseaux bancaires ont annoncé après le salon de l’Agriculture « un différé d’amortissement d’un an et un étalement de l’échéancier jusqu’à 3 années supplémentaires (ou, pour les exploitations souhaitant un rééchelonnement à plus long terme, un nouveau prêt à un taux préférentiel compris entre 0 et 2,5 %) » rapporte le ministère de l’Agriculture, relevant 1 095 exploitants reçus en permanence des préfectures au 15 mars. Indiquant à Vitisphere qu’il y a eu plus de 2 000 prêts dans le monde agricole ce début avril, le ministère de l’Économie précise que « chaque grand réseau bancaire a mis en place dans les territoires une offre de prêts bonifiés visant à soutenir la trésorerie des agriculteurs. Le taux de ces prêts peut varier d’un réseau à l’autre. En parallèle, un accompagnement exceptionnel au rééchelonnement des prêt des exploitations en difficulté est mis en œuvre dans chaque département. A ce stade, le nombre d’exploitants demandant ces facilités de trésorerie est assez limité, révélant une certaine robustesse de notre agriculture. »
Parmi les mesures complémentaires de soutien annoncées ce samedi 27 avril par le premier ministre, Gabriel Attal, on trouve une nouvelle aide à la trésorerie : « l’État va mobiliser les financements de Bpifrance à hauteur d’au moins 100 millions € pour des prêts de trésorerie, la garante de prêts accordés par les réseaux bancaires, et des subventions à l’innovation et des prêts méthanisation agricole permettant aux agriculteurs de diversifier leurs revenus ».
Autre mesure annoncée ce 27 avril par Matignon : « le lancement d’un plan d’accompagnement de l’agriculture méditerranéenne, avec une enveloppe de soutien de planification écologique de 50 millions € (accompagnement adaptation au changement climatique, évolution des filières locales) ». Précisant le dispositif sur Twitter, le ministre de l’Agriculture, Mac Fesneau, indique avoir « lancé mi-mars une mission de préfiguration dans trois départements (Pyrénées-Orientales, Aude et Hérault), afin de dégager la méthode pour accompagner les territoires touchés [et déployer] un plan pour l’agriculture méditerranéenne de 50 millions d’euros pour l’année 2024, pour mener la transition vers de nouvelles pratiques culturales et de nouvelles filières afin de renforcer la résilience de notre agriculture. » Rendez-vous dans trois mois ?