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"Il faudrait 0,5 € de plus à la bouteille pour que les vignerons vivent"
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Bordeaux
"Il faudrait 0,5 € de plus à la bouteille pour que les vignerons vivent"

Faisant le constat d’un vignoble bordelais exsangue, David Arnaud, le président des Côtes de Bourg, appelle la distribution à jouer le jeu du revenu vigneron pour préserver l’activité et avertit le négoce que l’arrachage des parcelles dédiées va créer des tensions d’approvisionnement.
Par Alexandre Abellan Le 17 avril 2024
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David Arnaud souligne le caractère d’urgence de la crise viticole bordelaise, avec la peur que les discussions lancées entre vignoble et distribution aboutissent à une énième commission qui n’apporte pas rapidement de réponses aux attentes des vignerons. - crédit photo : Laurent Julliand
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’AOC Côtes de Bourg fait partie des quatre appellations rétablissant sa cotation des vins en vrac. Était-ce une nécessité stratégique ?

David Arnaud : Pour nous, ce n’est pas forcément un gros sujet qui va avoir un gros impact. Ne pas avoir communiqué pendant un an sur le prix de vente n’a pas changé la donne. Autant les publier. Et l’on avait besoin de savoir ce qui se passe pour piloter l’AOC. Nous avons 40 % de la commercialisation qui se fait en vrac. Il y a encore quelques années, c’était la majorité des volumes. La part du négoce diminue de plus en plus, selon la même baisse que pour Bordeaux. Face à cette tendance, les vignerons ont compris qu’il va plus leur falloir se débrouiller seul.

 

Comment vous positionnez-vous par rapport aux débats actuels sur le prix plancher du vin en vrac pour rétablir la valorisation des vins de Bordeaux ?

Sur le principe, je suis entièrement d’accord avec ces discussions. La première réunion [entre filière Bordeaux et grande distribution ce 8 avril] est une première étape avec de bonnes intentions. Mais ça ne suffit pas. On parlait d’un tonneau à 1 000 € il y a deux mois, mais ces bonnes intentions n’ont pas vu le jour. On souhaite que les négociations avancent sur des contrats de filière où tout le monde peut gagner de l’argent. Mettons-nous autour de la table : on est toujours inquiets et rien n’avance. La loi Egalim telle qu’elle est faite n’est pas suffisante, il faut qu’elle évolue [pour empêcher de vendre sous le coût de production]. La Grande Distribution n’a pas le droit de vendre à perte, pourquoi nous producteurs le pouvons-nous ?

 

La décision du tribunal de commerce du 22 février condamnant deux négociant pour prix abusivement bas (l’affaire Rémy Lacombe) n’est pas suffisante pour vous ?

Il faut voir où ça va aller [avec les appels des négociants]. Ça participe à la réflexion générale filière de ne pas faire n’importe quoi. Ça participe à la pression avec les dernières manifestations. C’est tout ça mis bout à bout qui a permis la réunion entre filière et distribution [ce lundi 8 avril].

 

Quels efforts demandez-vous aux distributeurs ?

En Côte de Bourg, notre prix de vente moyen est de 5 € la bouteille TTC, c’est 4 € HT. Avec un prix moyen de 1 000 € le tonneau, où vont les 2 € de différence : est-ce de la marge pour le distributeur ? Il faudrait 50 centimes TTC de plus à la bouteille pour que les vignerons vivent. 50 centimes, ce n’est rien ! Est-ce que le consommateur verrait la différence ? Ce ne serait pas forcément à prendre dans la poche du consommateur : si tout le monde fait un effort, cela nous ferait vivre avec +480 € le tonneau. Le vigneron peut alors couvrir ses frais, sortir a minima un salaire minimum (ce qui serait normal quand on travaille 60 à 70 heures par semaine) et investir dans des pratiques plus écologiques pour aller dans le bon sens.

La société revient toujours sur le débat des pesticides, mais donnez-nous les moyens d’être à la hauteur des enjeux. Quand on perd des dizaines de centimes par bouteilles, on ne peut pas investir. Nous n’avons pas de marge de manœuvre… La marge de manœuvre est même négative dans nos exploitations ! Peu de personnes arrivent à joindre les deux bouts. Depuis le covid et l’explosion des coûts, tout coûte de plus en plus cher alors que l’on vend de moins en moins.

 

Quelle est l’ampleur de la crise économique actuelle dans le vignoble ?

Plus les mois passent et plus les exploitations s’endettent. Alors que toute la filière a intérêt à sauver les domaines. L’arrachage actuel, primé ou non, concerne l’arrêt des surfaces approvisionnant le négoce (pour les 100 % vracqueurs et les mixtes). En retirant tous ces volumes, il ne va plus y avoir assez de vin pour le négoce à un moment donné. Eux aussi ont intérêt à maintenir la filière... Sinon, dans 12 à 24 mois on peut se retrouver avec un manque de vin à Bordeaux.

 

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Tous les commentaires (5)
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Vigneron Le 23 avril 2024 à 09:38:28
Voilà un discours intelligent ! En effet, 0.50? par bouteille dans la poche du vigneron, ce n'est pas grand chose, mais multiplié par le volume, cela peut faire la différence. J'ai l'impression cependant qu'il y a beaucoup d'agitations et que tout le monde attend les mesures adéquates. Comme dit l'expression: l'enfer est pavé de bonnes intentions. Que font nos chers élus ? Pourquoi un prix plancher est si difficile à mettre en place alors que le président de la république l'a souhaité de ses vœux ? Il est vrai qu'à l'avenir, il se produira moins de vin pour étancher la soif, cela fera peut-être baissé aussi l'alcoolisme, mais la filière vin gagnera en qualité et en notoriété ! Ceux qui ont auront mis tout leurs efforts dans la qualité pour vendre et valoriser en bouteille et trouver des marchés en France et à l'export feront parti des gagnants.
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max le caviste Le 23 avril 2024 à 08:46:24
C'est la GD qui tire vers le bas les prix pas les cavistes
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Arthur Le 19 avril 2024 à 19:12:08
500 euros de plus du tonneau, on sort du rouge (je parle des comptes), mais ça ne nous laissera qu'un revenu de misère et comment avec ça rattraper le manque d'investissement depuis des années. Non il faut viser 2000 ? du tonneau sinon pas de salut possible !
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viticulteur33 Le 17 avril 2024 à 23:07:36
Je suis heureux que les adhérents de ce syndicats parviennent à avancer sans le négoce et valoriser leurs vins mais bien que, dans la même région, ma perception du marché est toute autre. Avant le COVID, nous parvenions à valoriser une bonne partie de notre récolte auprès de particuliers et CHR. Mais cette clientèle s'est évaporée depuis, au moins en partie à cause de l'explosion des frais de livraison et la fermeture de marchés à l'export. Avec l'explosion des coûts d'exploitation et de conditionnement, il est malheureusement impossible de faire sans le négoce ou la GD, à moins de réduire les surfaces exploitées à la portion congrue. Dans ce cas les coûts se production unitaires vont exploser à cause des charges fixes incompressibles qu'il va bien falloir répercuter quelque part.
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Yaya 49 Le 17 avril 2024 à 13:14:21
Vu les gens qui sont pas forcément dans le groupe, il n'est pas encore venu faire des choses.
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