nfin ! Les vignerons et négociants bordelais n’en pouvaient plus d’attendre, ils vont enfin pouvoir parler de leur nouveau millésime à l’occasion de la semaine des primeurs 2023 ! L’occasion de porter des messages positifs auprès des marchés, avec des vins à la qualité affirmée après un millésime 2023 surprenant par ces multiples retournements de situation au vignoble (un coup il y avait de la sortie, l’autre le mildiou le mettait sous pression avec les pluies, puis le coup de chaud flétrit les baies, etc.). Les grands crus peuvent être fiers des résultats présentés, témoignant d’un travail portant ses fruits : plus de précision dans les vignobles, avec des sols toujours plus vivant (et des parcelles toujours agroécologiques) et la recherche de maturités plus équilibrées (finie la course à la vendange la plus tardive), plus de finesse dans les chais (qui n'a pas son chai gravitaire et parcellaire ?), avec des extractions plus maîtrisées (finie le concours de celui aurait le plus de barriques neuves). Mais il reste encore du boulot !
Pour Bordeaux, la priorité absolue reste la promotion de la qualité de son millésime, de le faire bien goûter cette semaine pour réussir sa mise en marché en se positionnant sur des prix faisant mouche. Chacun dans son rôle dans cette semaine d'escrimeurs, la propriété et le négoce jouent leurs partitions habituelles sur les prix : pour la valorisation des efforts et du résultat dans les châteaux, pour la modération en cette période d’inflation et de surstockage pour la place de Bordeaux. Le lancement de cette campagne tendue s'annonce aussi rapide que fébrile, de grands crus classés ayant annoncé vouloir positionner des lancements sur le marché dès la semaine suivant les primeurs... De quoi battre le fer tant qu'il est chaud, alors que toutes les notes ne seront pas publiées par les critiques. Mais il faut rappeler que depuis 10 ans, Bordeaux ne peut plus se reposer sur les notes du super dégustateur américain Robert Parker pour doper les ventes, et les prix, de manière certaine. Désormais tout est plus compliqué : une multitude d’influenceurs et encore plus de consommateurs sont à séduire, rappelant que la notoriété n’est jamais acquise éternellement et doit se défendre par le travail à la propriété et sur les marchés. Chacun concourant au rapport qualité prix, dont l’équilibre cette année est particulièrement suivi par le reste du vignoble girondin. Un signal positif des marchés pour les primeurs 2023 ne peut que bénéficier à l’attractivité des autres étiquettes de Bordeaux. Mais il reste encore du boulot !