ans le monde bouillonnant de la consigne, comment fonctionne Drink Dong ?
Thibault Mallecourt : Nous nous sommes lancés fin 2022 avec un service de livraison et de récupération de boissons en bouteilles consignées. Nous nous appuyons sur des entrepôts partenaires de réemploi pour le CHR (Cafés, Hôtels et Restaurants) afin de servir les particuliers et les entreprises. Notre objectif n’est pas de réinventer la roue, mais d’avoir en tête que comme les Français ont perdu l’usage de la consommation de bouteille consignée, nous pouvons mettre à profit l’utilisation du CHR de la consigne pour les sodas, jus de fruit, eau… C’est encore un usage très présent et nous le mettons à profit pour les particuliers. Ce modèle nous permet d’ouvrir des régions sans investir dans des entrepôts et du matériel. Nous couvrons la Bretagne, nous sommes installés à Reims et à Dijon. Avec le rachat de YSE Consignes nous sommes actifs à Strasbourg. L’objectif de notre première année était de prouver la faisabilité de notre modèle.
Nous apportons une offre de service aux consommateurs avec nos propres livreurs. Pour les producteurs et les marques, le sujet de la consigne devient de plus en plus d’actualité avec les nouvelles législations [NDLR : notamment AGEC]. Notre système permet de bons retours des bouteilles, de l’ordre de 95 % comme on va les chercher chez les gens. Alors que les taux de retours sont plus mauvais en grande distribution, où l’on parle de 10 à 15 %. C’est un vrai enjeu pour le producteur, comme le coût de la bouteille consignée est plus important. Nous sommes sur un marché de long terme, comme il faut changer les habitudes des consommateurs. Mais quand rentré chez les gens, ils se fidélisent. Nous avons besoin de recommandation pour faire tester le produit.
Comment vous attaquez-vous à la filière du vin, plus en retard sur l’enjeu de la consigne, entre les bonnes performances du recyclage et les enjeux marketing de la diversification par le packaging ?
Nous distribuons toutes les familles boissons, de grandes marques comme de producteurs locaux, en se reposant sur le stock du partenaire local et en développant nos références. Il y a des filières en retard sur la consigne comme le vin, mais qui n’utilisent pas de PET contrairement à d’autres. Mais le sujet de la consigne est important pour le vin comme la consommation d’énergie liée à ce recyclage est importante pour fondre le verre. Il y a vrai gain écologique à passer à du verre consigné, ce sont de vraies économies d’énergie. La consigne nécessite une forme d’uniformisation dans les bouteilles et le cycle du processus. Comme le marché se développe, il faut des produits montant en qualité pour que la consigne ne soit pas associée au bas de gamme.
La famille du vin désynchronisée par rapport à la bouteille consignée. Ce n’est pas une critique, c’est un constat Le contexte fait la désynchronisation par rapport aux sodas et à l’eau minérale, c’est une évidence. Tout passe par pédagogie aux clients finaux, pour leur montrer qu’il y a de la demande afin que des producteurs s’y mettent et fassent l’investissement de la consigne. Tout le monde y va pas à pas. Nous voulons montrer la direction sur le sujet des boissons au sens large.
Quelle est votre part d’activité dans le vin ?
Sur 400 000 bouteilles réemployées la première année, le vin n’est pas notre première famille (eau et sodas tournent le plus). Cela représentait 10 à 15 % des volumes de vente sur l’année dernière. Cette part est appelée à augmenter. Sachant qu’il y a une part de réemploi et de recyclage, avec le retard du vin nous avons pris le parti de proposer des bouteilles classiques. Nous affichons en toute transparence si la bouteille est consignée ou pas. On récupère les bouteilles, même en verre classique : ça créé de la pédagogie sur le principe de consigne. Nous avons la croyance que le réemploi c’est le futur pour donner de la valeur à l’emballage. Tout le marché doit se poser la question de la manière de progresser sur cette offre. Par définition, il faut avancer : prouvons que le consommateur en a envie, ça ne pourra que pousser offre.
Vous proposez une offre de consigne sur les mariages, les vins sont-ils concernés ? Notamment les champagnes ?
Les bouteilles de champagnes ne sont pas consignées à cause d’enjeux techniques. Mais nous en proposons dans le catalogue en bouteilles normales. Il y a une vraie problématique technique sur les bulles. Notre positionnement est de répondre à toutes les demandes de clients, et de récupérer les bouteilles en verre classique. Nous avons beaucoup d’intérêt et de demande de devis pour cette proposition, car la promesse est double : pouvoir fêter son mariage avec moins d’impact écologique (en moyenne 10 tonnes de CO2 sont produits sur la soirée, autant de CO2 qu’un foyer français sur une année) et avoir belles de tables avec des bouteilles de verre et non de plastique (ce qui touche moins le vin, mais permet de lier l’utile à l’agréable). On a couvert 80 évènements l’an passé à la demandes entrante de clients. Cette année, nous adoptons une logique commerciale : on signe quasiment tous les jours des devis entre avril et août.