a s’appelle avoir du nez. Quand en 2016, elle a créé Bout’ à Bout’ sous forme associative pour lancer une filière de réemploi de bouteilles en verre dans la région des Pays de la Loire, la Nantaise Célie Couché n’imaginait sans doute pas inaugurer sept ans plus tard, sa propre unité de 2 500 m2, portant sur un investissement de 3 M€, à Carquefou, dans la banlieue de Nantes.
Entre temps, la présidente de l’association s’est muée en présidente de la SAS Ouest Consigne, conservant la marque Bout’ à Bout’ en vitrine, à la tête d’une vingtaine de salariés. Il faut dire que le Covid et la guerre en Ukraine ont quelque peu accéléré les choses. La pénurie de verre et son inflation inhérente ont convaincu à la fois les pouvoirs publics et les professionnels (brasseurs, viticulteurs…) de se lancer dans le réemploi.
“Dans un contexte de montée des enjeux écologiques, le réemploi des contenants en verre apparaît comme une solution efficace : comparé au système de verre à usage "unique" et son recyclage, le réemploi permet de diviser par deux la consommation d'eau, et par plus de trois la consommation d'énergie et les émissions de CO2”, indique l’entreprise dans un communiqué. Selon des données de l’Ademe, le réemploi consomme 79 % d’énergie et 51 % d’eau en moins que le recyclage et affiche un bilan carbone inférieur de 77 %.


“La plus grande usine de lavage de contenants en verre de France”, comme le revendique l’entreprise, est en service depuis cet été. “Nous sommes en phase de tests de toute la chaîne sur un rythme de 2 000 bouteilles à l’heure”, indique le directeur général Yann Priou. A compter du 1er novembre, l’usine se lancera à un rythme plus soutenu, soit une cadence de 10 000 contenants de l’heure. A termes, la ligne, totalement automatisée pourra traiter 20 000 bouteilles ou bocaux à l’heure. Uniquement de l’alimentaire ; pas de cosmétique notamment.
Dans le process, les flacons passent par une laveuse à 80°C dans un mélange d’eau et de soude, puis une machine leur insuffle de l’air pur, ensuite, chacun passe dans une trieuse équipée de 12 caméras pour détecter les résidus d’étiquette ou de colle, ou les microfissures éventuelles, avant un tri par format et une palettisation.
A ce jour, Ouest Consigne traite 95 % de bouteilles, dont la moitié de bière. “La viticulture est en phase de développement. Aujourd’hui, ça représente 10 % de nos volumes avec une trentaine d’entreprises. On travaille avec des domaines, et on commence avec des négociants. On propose quatre modèles de bouteilles : deux bordelaises et deux bourguignonnes de couleur différente en standard, mais sous forme de prestations, on peut aussi travailler des contenants plus régionaux, comme la bouteille de Muscadet ou d’Anjou. A condition de travailler sur un bon volume”, précise Yann Priou.
Quant à la collecte, elle s’implante pas à pas dans un rayon de 200 km, à la fois chez des producteurs (vins et bières), dans des réseaux d’épiceries bio, mais aussi dans des Super U, et via Le Fourgon, une entreprise de livraison de boissons à domicile.