éalité bien connue des vignerons français depuis des millésimes, le dérèglement climatique ne fait que commencer à peser sur la carte des vins d’après les dernières projections météorologiques à +2°C particulièrement frappantes… Et ce sans oublier les multiples impacts systémiques qui tiennent de l’effrayant effet domino… Perspective inquiétante, l’avenir climatique peut rapidement faire perdre pied de vigne à de nombreux bassins viticoles. Mais il peut aussi mobiliser et inspirer, dès que l’on ouvre la boîte à outil des adaptations viticoles : évolution de l’encépagement (y compris porte-greffe), amélioration des connaissances pédologiques (à vos fosses !), nouvelles pratiques culturales (écartement, irrigation, gestion des surfaces foliaires, vendanges en vert…), gestion de la biodiversité (de la vie des sols à l’agroforesterie), prévention du risque (y compris avec des assurances réellement protectrices)… Le champ des possibles est vaste et l’étendue des expérimentations à mener est infinie pour s’adapter à chaque cas particulier qu’est une parcelle.
Les leviers d’adaptation à l’avenir ne manquent pas, c’est une certitude. La limite ne vient pas de l’imagination technique du vignoble, mais de ses capacités d’investissement de plus en plus réduites. Accompagner le changement pour s’y adapter et ne pas le subir de plein fouet doit être la priorité des politiques publiques alertent les dernières rencontres nationales des Vignerons Indépendants. Dotée de moyens conséquents de recherche, d’expérimentation et de transfert, la planification climatique peut armer le vignoble face au premier de ses défis : continuer à produire, à faire vivre et à croire en l’avenir ses acteurs. Car « où l'espoir est perdu la prévoyance est vaine » écrivait John Milton dans le Paradis perdu (traduit par Jacques Delille).