nciennement développement durable, la RSE, ou "Responsabilité sociétale des entreprise" est la démarche volontaire d'une exploitation de développer une durabilité environnementale, économique et sociale. Rémi Marlin, président du label RSE Vignerons Engagés et président de la Cave de Buxy (71), labellisée depuis 2013, le reconnaît à l'occasion de la conférence Vinosphere, organisée ce mardi 5 mars à Beaune par le Bureau Interprofessionnel du Vin de Bourgogne (BIVB) : il y a un coût. "Il faut compter une personne pour animer en interne, les formations des équipes, la réalisation de diagnostics vignoble, l'adhésion au label, et les évaluations AFNOR." Pour autant, il ne regrette rien. "En interne, la certification renforce la transversalité dans l'entreprise et crée une véritable dynamique. C'est aussi un plus pour recruter, dans un contexte ou le sens de la vie professionnelle compte pour les jeunes."
Commercialement parlant, "la RSE est inscrite dans les cahiers des charges de certains appels d'offre, en particulier le Canada, les pays scandinaves et l'Australie. Au États-Unis, cela dépend du lieu, mais il y a une vraie attente, notamment sur la côté Est." En grande distribution française, "les labels RSE n'apparaissent pas dans tous les appels d'offre. Mais d'après une enquête menée auprès d'une vingtaine d'enseignes, Vignerons Engagés est passé, entre 2020 et 2023, de "inconnu" à "pris en compte et valorisé"."


Même constat pour Bruno Le Breton, oenologue et propriétaire BLB vignoble, la première entreprise viticole certifiée ISO 26000 (norme internationale de la RSE), via le label américain B Corp. Le dirigeant remarque que "B Corp est un label d'attente chez les jeunes consommateurs américains". Au delà de cet avantage commercial, il apprécie "cette démarche de sortir de l'entre-soi en engageant les parties prenantes. J'ai déjà organisé une demi journée pendant laquelle une cinquantaine de professionnels sont venus me voir bénévolement : banquier, fournisseurs, élu... Là, on apporte des réponses pragmatiques, on revient au bon sens. C'est comme ça qu'on a enlevé les capsules métalliques. Finalement, on gagne de l'argent avec la RSE!"
Pour ceux qui souhaitent se lancer, Anne Le Naour, directrice de Crédit Agricole Grands Crus (propriétaire de trois châteaux bordelais et d'un domaine bourguignon), se veut rassurante. "La première chose à faire est l'inventaire des pratiques. On fait souvent de la RSE sans le savoir. C'est déjà une première opportunité de valoriser l'existant". Ses propriétés sont engagées dans le label RSE bordelais Cultivons Demain et elle constate dans ce vignoble "une énorme accélération des démarches RSE depuis 5-6 ans, des vignerons aux tonneliers en passant par les bouchonniers." Prochaine étape pour accélérer les choses selon elle : "construire un référentiel commun à toute la filière".


Car c'est le point faible des certifications RSE : leur nombre. "On pense qu'il y a plus de 70 normes liées au développement durable. Certaines sont reconnues en France et pas ailleurs, et vice-versa", a estimé Richard Bomfield, Master of Wine, qui pour tenter d'y remédier a créé le "Sustainable Wine Round Table", une plateforme collaborative indépendante. "Avec plus de 120 membres actuellement, on permet aux organisations de partager leurs connaissances. Cela comprend toute la filière vin internationale, de l'amont à l'aval. Nous avons déjà un accord collectif sur une réduction de 12,5 % du poids des bouteilles. Sur 1 milliard de bouteilles, c'est une bonne première étape."