résentant sur le salon ProWein la première bouteille PET (polytéréphtalate d'éthylène) pour des vins effervescents français*, Pierre Jury, le directeur de l’activité effervescente de Boisset, souligne que si son format est plus court qu’une bouteille champenoise classique, son apparence visuelle est bluffant : si on ne la prend pas en main, on ne s’aperçoit pas qu’elle est en matière plastique et non en verre (avec une brillance donnant le même rendu à l’œil). Pesant 87 grammes vide, cette bouteille en PET a permis à Boisset de remporter en Norvège un appel d’offre pour des vins effervescents à base de chardonnay embouteillés en PET. « Les monopoles scandinaves sont très sensibles à la réduction de l’empreinte carbone et désormais la technologie est au point » indique Pierre Jury.
Après un an de travail pour l’adaptation technique de la production (notamment l’acquisition d’une nouvelle ligne de mise en bouteille), le groupe bourguignon a validé cette bouteille en PET lui permettant de conserver ses recettes en méthode Charmat (le contenant résistant jusqu’à 6 bars de pression) et de garantir une durée vie de vie de 16 mois minimum (après des résultats positifs de tests en étuve à 40°C pour simuler un vieillissement allant jusqu’à 2 ans). Le packaging n’a eu à changer que sur l’habillage (toutes les étiquettes devant être en adhésif), la coiffe, le bouchon en liège aggloméré et le muselet restant identiques. Un aspect traditionnel conservé pour ne pas aller trop loin dans l’innovation : « la bouteille est déjà suffisamment disruptive avec le PET » pointe Pierre Jury.
Mise en marché en juin en Norvège, cette bouteille de mousseux en PET va également être déployée sur la marque Charles de Fère, principale étiquette du portefeuille effervescent de Boisset (avec 3 millions de cols sur les 10 millions de cette activité). Comme les autres vins effervescents du groupe de Nuits-Saint-Georges, cette méthode Charmat repose sur un approvisionnement 100 % français : ugni blanc, colombard et chardonnay du Gers et des Charentes (en attendant les résultats du projet d’autonomie d’approvisionnement des Vignes Innovantes du Val de Saône, VIVAS). Partant sur 15 000 cols au même prix de vente que la bouteille en verre (soit 5 €), cette offre doit répondre aux besoins des compagnies aériennes et des croisiéristes cherchant à réduire le poids à bord, mais aussi proposer une alternative pour les nouvelles consommations nomades (en festivals, randonnée…). Travaillant une nouvelle gamme effervescente dédiée au PET, Boisset ne cache pas ses grandes ambitions sur ce nouveau contenant. Si les présentations aux enseignes françaises témoignent encore de leur frilosité, l’export et les compagnies aériennes pourraient rapidement tirer la demande. « On imagine que nos confrères [des vins mousseux] s’y intéressent, mais on a 6 mois d’avance a minima grâce à notre R&D » glisse Pierre Jury, qui veut aller plus loins dans l’offre avec du PET recyclé dans ces bouteilles en plastique.
* : Un producteur italien ayant été le premier à se positionner sur le créneau du vin effervescent embouteillé en PET.