menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / Les hygiénistes font de la crise viticole une simple "technique de lobbying"...
Les hygiénistes font de la crise viticole une simple "technique de lobbying"...
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Dérapage contrôlé
Les hygiénistes font de la crise viticole une simple "technique de lobbying"...

Nouvelle forme de théorie du complot pour Addictions France : les difficultés commerciales et économiques de la filière vin ne seraient que des cris d’orfraies montés en épingle par un lobby de l’alcool en mal de relais parlementaires… Il fallait oser minimiser et instrumentaliser la crise viticole, ils l’ont fait.
Par Alexandre Abellan Le 08 mars 2024
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Les hygiénistes font de la crise viticole une simple
« Crisis? What Crisis? » titrait un albim de Supertramp en son temps. - crédit photo : Adobe Stock (Aliaksandr Marko)
P

lus c’est gros, plus ça passe ? Dans son dernier Observatoire sur les pratiques des lobbies de l’alcool, l’association Addictions France n’a pas peur des énormités quand elle se penche sur « une technique de lobbying à la loupe » : la « victimisation d’un secteur en crise » pour « une crise à relativiser ». Il fallait oser présenter comme exagérée cette somme qui s’abat sur le vignoble ces derniers années : des difficultés climatiques (gel, grêle, sécheresse, mildiou…), géopolitiques (covid, taxes Trump, enquêtes chinoises…), économiques (inflation des coûts, déflation des prix…) et sociétales (déconsommation du vin rouge, jeunes générations moins consommatrices…).

La carte du dénigrement

« Nous nous sommes habitués à voir chaque année ces publications cousues de fil blanc jouer la carte du dénigrement, à grand renfort de raccourcis, de calomnies et de simplifications à outrance pour expliquer que nos organisations seraient par nature coupables et dangereuses » réagit Krystel Lepresle, déléguée générale de Vin & Société sur LinkedIn, notant que « le rapport 2023 publié il y a quelques jours va encore un peu plus loin. Il accuse cette fois-ci la filière vitivinicole du pire des cynismes, en lui reprochant d’avoir mis en scène une crise qui n’existerait pas ou qui serait, à minima, à relativiser, afin de défendre ses intérêts et obtenir des arbitrages favorables. »

Alors qu’Addictions France semble avoir la vista du marché du vin, et puisse donc culpabiliser ses opérateurs en leur faisant la leçon : « une partie des difficultés de la filière, en particulier dans le Bordelais, s’explique aussi par des erreurs dans leur stratégie commerciale. La filière n'a pas réussi à anticiper les évolutions sociologiques et alimentaires de la société française, privilégiant une standardisation des goûts pour satisfaire une clientèle internationale au détriment de l'authenticité, en industrialisant les processus de production et en recourant massivement aux pesticides, négligeant ainsi toute considération écologique. »

Drames humains

Premier département viticole bio de France, offrant une large palette de profils produits et de rapports qualité-prix, la Gironde appréciera… Tous comme ses opérateurs en pleine déprime face à l’incapacité de se payer, qu’ils soient petit vigneron vracqueur ou grand domaine installé sur la bouteille, jusqu’au dans les crus du Médoc. Les proches de ceux ayant mis fin à leur jour seront moins tendres… Mais ces drames humains ne semblent pas préoccuper Addictions France, qui privilégient une vision macroéconomique.

Pas mal pour un secteur en crise

« Loin de péricliter, le secteur du vin continue à se développer, avec un chiffre d’affaires en constante croissance » indique le rapport, évoquant de récents d’affaires record pour l’ensemble de la filière et la contribution du secteur à l’export pour la balance commerciale nationale : « pas mal pour un secteur en crise » grince l’association hygiéniste, semblant vouloir faire de l’esprit. Mais « entre le sarcasme et l'ironie il y a la même distance qu'entre un rot et un soupir » écrivait Hugo Pratt dans la Ballade de la mer salée (1967). L’association aurait dû se pencher sur les dernières statistiques de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), qui témoignent d’expéditions à la peine pour les vins : 122,6 millions de caisses pour 11,3 milliards € en 2023, soit des baisses de 9,4 % en volume et 3 % en valeur sur un an.

Soit la plus basse performance en volume depuis 2009, mais la deuxième performance en valeur après 2022 pour les vins. Car ce sont actuellement les vins les plus chers qui affichent les meilleures performances, quand la base de la pyramide semble plus attaquée, sortant des marchés à cause de l’inflation et/ou des changements de consommation. Un ébranlement qui nécessite des analyses économiques pour être perçu, mais qui est balayé par Addictions France, qui joue la minimisation pour parler de manipulation.

Acrobaties rhétoriques

Diagnostiquant « une technique de lobbying bien connue des groupes d’intérêt », l’association estime que, « sans remettre en cause les difficultés des producteurs indépendants, on voit à l’œuvre une instrumentalisation de ces difficultés » avec « une dichotomie entre l’action des industriels du vin et les revendications des petits viticulteurs ». Et Addictions France de tenter une périlleuse figure d’opposition entre les demandes vigneronnes de revalorisation du vin en vrac/d’arrêt des importations des vins espagnols (en citant le bouillant Comité d'Action Viticole dans le Midi) et l’opposition des représentants de la filière vin contre une taxation comportementale des boissons alcoolisées (avec un prix minimum du vin). Car « cette mesure représente[rait] une solution ciblée, visant exclusivement les vins bas de gamme, les vins importés et vendus à bas prix ainsi que les productions industrielles »...

« Disons les choses clairement et simplement : la crise viticole est bien réelle, elle est ressentie par tous les acteurs du vin depuis des années » réplique Krystel Lepresle, qui rappelle que « la filière de la vigne et du vin n’a jamais cru que son salut viendrait de l’excès. Elle est au contraire, et depuis de nombreuses années, engagée dans la promotion d’une consommation responsable largement pratiquée par les Français. »

 

« À écouter l’association, la disparition d’environ 11 000 domaines viticoles entre 2010 et 2020, la chute de 70 % de la consommation de vin sur les 60 dernières années, la succession de chocs économiques et environnementaux auxquels les viticulteurs, vignerons et négociants ont été confrontés relèveraient au mieux de la simple posture, au pire de la stratégie victimaire assumée » analyse Krystel Lepresle.

 

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (6)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Cave34 Le 13 mars 2024 à 10:52:08
Cette association d'influence américaine n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle ne représente pas grand monde d'ailleurs. Par contre, petite erreur dans l'article, Bordeaux n'est pas un département et pas le premier vignoble bio de France.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Ors Le 12 mars 2024 à 15:44:45
Mme Lepresle a bien raison de souligner les acrobaties rhétoriques et les campagnes systématiques de désinformation menées par les hygiénistes contre la filière vins. On ne ferait pas mieux que le document d'Addictions France si l'on voulait infantiliser les consommateurs français ! Considérer que les gaulois que nous sommes ne sont pas capables de faire la part des choses entre une consommation modérée et l'addiction à l'alcool c'est vraiment prendre les français pour des imbéciles, chose qu'ils ne sont pas. Enfin, si le but ultime est l'abstinence totale de consommation sous entendue dans ce rapport, plaignons d'ores et déjà les ravages que provoqueront à coup sur des situations de prohibition telles qu'ont connu les USA par le passé, avec leurs lots de trafics, banditisme, etc... Laissons notre libre arbitre faire la part des choses et focalisons nos efforts pour venir en aide à ceux qui, par leur contexte de vie, ont perdu le leur, bien souvent pour des raisons très éloignées du monde du vin. "Eduquer plutôt qu'interdire", une devise qui mériterait d'être associée à "Consommer avec modération".
Signaler ce contenu comme inapproprié
Byron Le 11 mars 2024 à 00:06:11
Il est indéniable qu'un prix minimum représente une solution ciblée, visant exclusivement les vins bas de gamme, les vins importés et vendus à bas prix ainsi que les productions industrielles. Les vins bien valorisés, permettant aux producteurs de vivre, ne seraient pas embêtés par une telle mesure. En s'opposant à un prix minimum de l'alcool, la filière (les interpros, et donc le négoce pour moitié) cherche clairement à protéger ceux qui produisent des vins de mauvaise qualité à bas prix. Est-ce le modèle que l'on souhaite pour notre viticulture?
Signaler ce contenu comme inapproprié
Vigneron Le 08 mars 2024 à 09:16:37
L'alcoolisme est la faute peut-être d'un manque d'éducation que les associations devraient aider, plutôt que de la faute des vignerons. On ne devient pas vigneron pour développer l'alcoolisme! Les jeunes qui veulent se bourrer consomment surtout des alcools forts, ce n'est plus comme il y a 50 ans en arrière, il faut se mettre à la page. Comme la filière vin rapporte, ils veulent la taxer comme une sangsue. C'est toujours plus facile à faire que de travailler en créant de la richesse et en payant des impôts à la nation comme le fait la filière VIN.
Signaler ce contenu comme inapproprié
augustin Le 08 mars 2024 à 08:01:14
rendons à Cesar ce qui appartient à César nelly david , présentement patronne de l anpaa est tout de même très modérée par rapport à son predecesseur lequel. il y a 10 ans mettait , pour le magasin mensuel us wine spec, dans le même sac pub vin ...sites nazis et pedo porno ,! Tout comme une bonne bouteille de vin l anpaa vieillirait elle bien ? Auquel cas en 2034 tout devrait rentrer dans l ordre :^) Juste une question de patience et de budget ,çà tombe bien la viti dispose des deux infiniment ,:^)
Signaler ce contenu comme inapproprié
augustin Le 08 mars 2024 à 07:32:01
Philippe dauzan est le responsable aquitaine de l association en question son CV révèle un universitaire orienté environnement plus agro , ce qui était prometteur , puis in virage doctrinaire évident qui l amène à mettre semble t il sur le mème plan consommation raisonnable de vin et addiction à la drogue . Ses reproches à peine cachés à l encontre de la parkerisation des vins de bordeaux sont dates de 10 ans Idem pour le reproche non justifie de non respect de l écologie qui au contraire concerne la majorité des châteaux visés sur cette dernière decennie ayant migré en hve 3 ou équivalent avec tous les procee correspondants sans oublier traitement nickel des effluents. Enfin on déplore confusion habituelle entre vin et alcools forts . Les réalités économiques historiques et patrimoniales sont évidemment gommées , et ce type d association continue à vivre sur le dos du contribuable tandis que les viticulteurs continuent à s échiner à être les champions du commerce extérieur ... Aux dernières nouvelles Phil Dauzan organise des promenades cyclistes detox sur la côte Basque tandis que nous préparons nos cartons et valises pour un morne motel près du salon prowein ... Deux types de carrière deux objectifs de vie sans oublier toutefois que c est le travail du vigneron qui paie l associatif ( budget de 835 millions contre alcool 2024 ) . Les vents politiques sont actuellement mauvais et ce type de sortie médiatique comme celle de cette association termine de diviser notre pays de manière binaire et simpliste . La filière vin en borfelais vaut probablement mieux que ces commentaires soit disant avisés mais en fait périmés et surtout attendus comme bienveillants ...mais ultimement très caustiques et revanchards :^( Cet apparatchik associatif ne tiendrait probablement pas un trimestre à la tête d une tpe viticole .Jamais l interpellation " vis ma vie ! " ne nous a paru aussi tentante Post liquidation judiciaire , nous aussi irons à bicyclette !
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé