’est un trait d’humour, à défaut d’esprit, que l’on entend encore en Nouvelle-Aquitaine : combien faut-il de Charentais pour faire un Bordelais ? Réponse : deux, un de Charente (département n°16) et un de Charente-Maritime (17), pour un de Gironde (33 = 16 +17). A priori, ce n’est pas une blague qui a eu cours ce mardi 30 janvier lors de l’union des négoces charentais et bordelais sur la terrasse du négoce Borie-Manoux (Bordeaux). Donnant sur la Cité du Vin, le bâtiment a accueilli l’union dans une même fédération régionale du Syndicat des Maisons de Cognac (SMC) et de l’Union des Maisons de Vins de Bordeaux (Bordeaux Négoce). Soit la Fédération des Maisons de Bordeaux et de Cognac, présidée par Lionel Chol (président de Bordeaux Négoce et directeur d'Oenoalliance, négoce de Castel Frères) et Éric Le Gall (président du SMC et directeur des affaires publiques des cognacs Rémy Martin, groupe Rémy Cointreau).
Voisins, les vignobles de Bordeaux et de Cognac peuvent sembler particulièrement différents dans leurs productions (vins tranquilles essentiellement pour le premier, eau-de-vie quasi exclusivement pour le second), leurs structurations (là où quelques grands opérateurs dominent à Cognac, la place de Bordeaux tient en regard de l’armée mexicaine), leurs approvisionnements (le négoce charentais passant majoritairement par des contrats pluriannuels)… Mais « il s’agit d’unir les raisons d’être des deux syndicats et de leurs adhérents pour agir ensemble sur leur territoire commun, la Nouvelle Aquitaine, et contribuer à son rayonnement à travers le monde » affirme un communiqué, pointant « un cœur d’activité commun, la commercialisation et l’export en particulier ». Partageant une même approche de facilitation des exportations*, les deux bassins AOC sont mobilisés et solidaires face aux menaces protectionnistes, des enquêtes antidumpings chinoises aux menaces américaines toujours fortes.
Avec 80 adhérents, Bordeaux Négoce revendique la commercialisation de 60 % des volumes de Bordeaux pour un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros fin 2023 réalisé à plus de 60 % à l’export. Avec 42 maisons, le SMC assure 99 % des expéditions Cognac pour 3,3 milliards € en 2023, dont 97 % à l’export. Comme quoi, il faut deux fois moins de négociants charentais pour dépasser la place de Bordeaux. 16 ou 17 = 33 ?
* : Comme l'indiquent les deux syndicats de négociants, qui concentrent 37 % de la valeur des exportations de vins et spiritueux, « la filière est favorable aux dynamiques ouvertes etéquitables de libre-échange. La suppression oul'atténuation des barrières tarifaires et non-tarifaires, l’harmonisation réglementaire et la coopération entre Etats permettent la diversification des marchés et sontles clés de voûte d’une croissance stable et bénéfique pour toute la chaîne de valeur de la filière. »