andaté par SudVinBio, le cabinet Circana a mené en septembre dernier une étude auprès de 1054 acheteurs de vins bio, afin de déterminer une typologie de l’acheteur français de vins bios. Celui-ci se distingue notamment par sa mixité (92 % des acheteurs de vin bio sont mixtes), achetant en moyenne 42 % de vins bio et 58 % de vins non bio. « Contrairement aux autres produits bios alimentaires, le marché français des vins bios est marqué par sa moindre dépendance à la grande distribution. Cela contribue à sa bonne santé », introduit Christophe Ferreira, le consultant du cabinet Circana en charge de la conduite de cette étude. Alors que 45% des produits bios sont commercialisés par la GD, seuls 10% des vins bios français sont écoulés via ce débouché, « un marché atypique », appuie le consultant.
« La force de la vente directe est la clé de la résistance de notre marché des vins bios », appuie Nicolas Richarme, président de SudVinBio. 30% des volumes de vins bios français sont commercialisés en vente directe, avec encore une progression de 5% en 2022, et 38% à l’export (+2% en 2022). « La proportion de 10% des volumes en grande distribution est même en diminution », appuie Nicolas Richarme. Le marché des vins bios se distingue également par sa capacité à conquérir de nouveaux acheteurs, jeunes de surcroît. « Les 12 derniers mois, 39 % de néo-acheteurs de vin bio ont été enregistrés, avec des profils plus jeunes (12% de moins de 25 ans) et plus diversifiés socialement », précise Christophe Ferreira.
En outre, la part des achats de vins bios des acheteurs habituels progresse ne sont pas exclusivement dédiés aux vins bios. « 37 % des acheteurs ont augmenté leurs achats de vin bio au cours de l’année, et 32% comptent le faire, contre 12% qui pensent les réduire », poursuit le consultant Circana. Globalement, les acheteurs de vin bio sont motivés (71%) par des préoccupations environnementales, tout en considérant qu’un vin de qualité doit être bio. « Au-delà de 15€, ils sont 36 % à estimer qu’il est indispensable qu’un vin soit bio », ajoute Christophe Ferreira.
S’ils ne négligent pas la grande distribution dans leurs achats, les acheteurs de vins bios se caractérisent par la variété des circuits de distribution vers lesquels ils se tournent pour se procurer ces vins. Ils ont même tendance à augmenter leurs achats vers la vente directe, les cavistes ou les magasins spécialisés bio. « Le nouveau circuit de la vente en ligne s’affiche également en croissance marquée », ajoute Christophe Ferreira. Enfin, 23% des actes d’achat de vin bio s’opérant en restauration, « les acheteurs considèrent que c’est un circuit qui valorise mal les vins bio, avec des notes très moyennes sur la qualité de l’offre bio proposée dans les restaurants », appuie le consultant.
Ces deux dernières années, l’aboutissement des conversions importantes ont apporté des surplus que le marché vrac du vin bio peine à absorber. S’il souligne que le marché vrac du vin bio a maintenu une légère progression en 2022 (+1%), Nicolas Richarme concède que « l’offre s’est développée beaucoup plus rapidement qu’une demande qui ne faiblit pas, contrairement au conventionnel ». Les cours affichent une baisse moyenne (-10% sur les IGP Oc bio), sans toutefois chuter à cause de la trop forte offre. Les opérateurs jouent globalement le jeu en déclassant en conventionnel les lots qui ne trouvent pas preneur en bio, sans impact sur les cours. Optimiste, la présidente du salon Millésime Bio Jeanne Fabre souligne quant à elle que « la croissance du bio s’est toujours faite par paliers, et force est de constater que ce n’est pas un phénomène de mode, mais bien une tendance de fond, il faudra simplement du temps pour que les nouveaux acteurs prennent leur place ».