En ces lieux, l’enfer est pavé de bonnes intentions » pose la petite ardoise adossée au bas de la porte vitrée donnant accès aux larges marches en grès plongeant vers la cave voutée historique. En juin 1944, l’endroit avait été rebaptisé « l’enfer » par la population venue se mettre à l’abri des bombardements. Aujourd’hui, l’image doit servir à donner une identité marquée aux vins de la maison dont la nouvelle étiquette intègre un foudre coiffé de flammes. En 2024, les « caves de l’enfer » serviront de cadre à une animation audio meublée « d’histoires à boire » qui prendra place dans le calendrier des activités oenotouristiques de la commune viticole.
Le passé resurgit également dans l’offre de la maison via des cuvées ressuscitées comme le pinot noir Saint-Hubert, en référence à la passion de la chasse qui animait René Kuehn, dirigeant du domaine jusqu’en 1980 et son rachat par la cave Jean Geiler d’Ingersheim. La gamme s’élargit avec « Les 3 merles », un assemblage de gewurztraminer, pinot gris et chasselas et sept vins bio, dont un effervescent. Timothée Boltz, directeur général de la cave Jean Geiler, assume le lancement de la ligne bio, persuadé que le passage actuel plus compliqué de la vente de ces vins n’est qu’un « creux ». « Une question qu’on nous pose souvent, c’est : "êtes-vous bio ou pas ?" » renchérit Francis Klee, œnologue de la maison depuis 1986.
La maison Kuehn tire ses matières premières des 14,5 ha conduits en propre et de 80 ha d’apports d’adhérents de la cave d’Ingersheim, qui traite au total la récolte de 660 ha * dont une centaine d’hectares en bio. Elle écoule 800 000 bouteilles par an dont 28 % de crémants dans le circuit CHR à raison de 53 %, à l’export dans une trentaine de pays pour 33 %, chez les cavistes et par correspondance pour 14 %. Son chiffre d’affaires atteint 3,8 M€. Pour Timothée Boltz, l’entreprise, peut encore très bien « gagner en volume comme en valeur ajoutée ».
* : Cette surface de 660 ha inclue le site d’Orschwiller et la maison Kuehn, mais pas encore les apports de la cave d’Hunawihr qui doit fusionner avec la cave Jean Geiler en 2024.