es parlementaires ne croient-ils plus au père Fesnoël ? Annonçant pour 2024 des aides à la trésorerie (reports d’annuité avec prêts bonifiés et fonds d’urgence musclé) et une demande française d’arrachage temporaire (une restructuration différée à valider par la Commission Européenne), les engagements du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, ce mercredi 29 novembre à Montpellier (Hérault) n’apaisent pas les craintes de catastrophe industrielle pour le vignoble français en général, et celui d’Occitanie en particulier. Alertés par la manifestation de 6 000 vignerons ce samedi 25 novembre à Narbonne (Aude), 18 sénateurs d’Occitanie de plusieurs groupes politiques* signent ce 5 décembre une lettre non pas au père et à la mère noël, mais au ministre de l’Agriculture et à la première ministre, Élisabeth Borne, pour leur affirmer qu’« il est grand temps d’engager un Plan Marshall de la viticulture ! » avec la mise en place d’un fonds sanitaire viticole de 60 millions € porté par un amendement ce vendredi 8 décembre au Sénat.
Menés par le sénateur Sébastien Pla (Aude, Parti Socialiste), les parlementaires signataires l’affirment : « l’heure est grave ! » En difficultés économiques et commerciales, la filière achève d’être fragilisée par les aléas climatiques successifs, alors que « le système assurantiel actuel méconnaît cependant le caractère climatique de certains de ces sinistres, qu’il s’agisse du mildiou, conséquence directe d’un excès d’eau conjugué à des températures élevées, comme de la perte de ceps sur pied, du fait de la sécheresse, sur le littoral méditerranéen » alertent les signataires Prise entre le marteau de la « contraction des marchés » et l’enclume de la « vulnérabilité au dérèglement climatique », le vignoble mérite un plan de soutien à la hauteur de la crise pour ces sénateurs.


Signataires qui critiquent auprès de Marc Fesneau « les difficultés de votre ministère à poser les solutions concrètes et adaptées ». Et de répondre à ses annonces du 29 novembre que « les dispositifs de soutien que vous proposez sont adossés au régime de minimis agricole, plafonné sur trois exercices fiscaux glissants par entreprise à 20 000 euros et au niveau national, à 1,25 % de la production annuelle. Vous ne pouvez ignorer qu’un grand nombre d’exploitants est donc susceptible d’être écarté des dispositifs d’aide évoqués, comme il y a fort à parier que la faiblesse de l’enveloppe proposée n’autorise le déploiement rapide, et ce, dès l’année 2024, des mesures de soutien proposées. » Et les signataires d’ajouter qu’« au vu des montants de crédits à engager pour permettre, dès 2024, la transition des exploitations, nous vous appelons donc solennellement à soutenir, lors des prochains débats dans le projet de loi de finances pour 2024, l’initiative que nous portons en créant un fonds sanitaire viticole de 60 millions d’euros [géré] au niveau des préfectures, pour une meilleure efficience. »
Ce vendredi 8 décembre, « j´interviendrai donc sur la mission agricole du budget 2024 et proposerai au vote l’amendement pour la création d’un fonds de soutien de 60 millions d’euros avec l’appui d’un maximum de mes collègues de la Région et au-delà des frontières de l’Occitanie, je l’espère » indique à Vitisphere le sénateur Sébastien Pla, notant que d’autres demandes sont reportées sans précision : « les questions sociales pour les départs et les nouveaux installés, comme celle du déploiement des aides à la filière aval et encore de l'aide au stockage ne sont pas davantage réglées ni financées ». En clair pour le vice-président du groupe d’études vigne et vin du Sénat : « sans budget, les mesures ne seront pas mises en œuvre dès le début d’année, ce qui va poser de sérieux problèmes pour les caves coopératives notamment à partir de mars. »
Déjà copieux, le courrier parlementaire à l’exécutif demande également un accompagnement à l’accès à l’eau (pour déployer l’irrigation face au changement climatique), un soutien au renouvellement des générations dans le projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles (« mesures sociales pour les sorties d’activité et mesures incitatives pour les jeunes exploitants »), un appui national à l’export des vins (avec des avancées sur la marque Sud de France)… Une véritable liste à la Prévert des mesures conjoncturelles et structurelles nécessaires pour renforcer la résilience stratégique de la filière : en passant des paroles aux actes. Une lettre au petit papa Fesnoël... qui ne veut pas tomber à Pla.
* : Il s’agit de Sébastien Pla (Aude, Parti Socialiste), Gisèle Jourda (Aude, Parti Socialiste), Franck Montaugé (Gers, Parti Socialiste), Christian Bilhac (Hérault, Rassemblement Démocratique et Social Européen), Hussein Bourgi (Hérault, Parti Socialiste), Henri Cabanel (Hérault, assemblement Démocratique et Social Européen), Denis Bouad (Gard, Parti Socialiste), Laurent Burgoa (Gard, Les Républicains), Lauriane Josende (Pyrénées-Orientales, Les Républicains), Jean Sol (Pyrénées Orientales, Les Républicains), Jean-Jacques Michau (Ariège, Parti Socialiste), Alain Chatillon (Haute-Garonne, Les Républicains), Pierre Médevielle (Haute-Garonne, Les Indépendants - République et Territoires), Brigitte Micouleau (Haute-Garonne, Les Républicains), Claude Raynal (Haute-Garonne, Parti Socialiste), Philippe Folliot (Tarn, Union Centriste), Pierre-Antoine Levi (Tarn-et-Garonne, Union Centriste) et Viviane Artigalas (Hautes-Pyrénées, Parti Socialiste).