uoi de plus volatile que la demande en plants de vigne ? Il suffit d’un retournement conjoncturel à Cognac pour que l’ugni blanc cesse d’être côté. Et l’effet millésime d’une forte pression mildiou pourrait alimenter la désaffection du merlot. Plus globalement, « cette année, nous constatons une demande renforcée sur les cépages blancs au détriment des cépages rouges » analyse David Amblevert, le président de la Fédération Française de la Pépinière Viticole (FFPV), rencontré sur le salon Sitevi (Montpellier), qui peut témoigner de la forte demande en sauvignon blanc à Bordeaux. En Provence, la pépinière passe le message qu’il faut commander les plants de vermentino dès maintenant pour envisager une plantation en 2025. « Il faut anticiper pour permettre aux pépinières d’avoir un tableau de bord. Il faut un an et demi pour fabriquer un plant » rappelle David Amblevert, qui plaide pour une relation de plein partenariat et non de simple fournisseur entre le pépiniériste et les viticulteurs.
Étroite, la liaison entre vignoble et pépinière est actuellement tendue par une situation économique difficile pour tous les maillons viticoles. « Quand la viticulture est enrhumée, la pépinière a la grippe. Et aujourd’hui, la viticulture est grippée… » pose David Amblevert, alors que la totalité de l’augmentation des coûts de production n’a pas été répercute sur les prix, la pépinière ne peut qu’être « au regret de constater des rentrées de trésorerie qui sont uniquement retardées »
Se trouvant dans une situation d’observation de la demande en mutation, les pépiniéristes comptent ajuster leur production prévisionnelle au moment des greffages de février/mars. « Nous avons conscience que le marché va être différent » rapporte le président de la FFPV, qui positive en notant que, malgré les arrachages qui s’annoncent, « beaucoup de vignes vont rester. Il y a encore beaucoup de projets avec une diversification des demandes sur des porte-greffes plus vigoureux, des variétés résistantes, des variétés à fin d’adaptation, des sélection clonales ou massales… Il y a une multiplication de la demande. La demande s’atomise. »
« Nous sommes dans une phase de transition : la vigne rentre dans le troisième millénaire » conclut David Amblevert, qui rappelle que sa pépinière sera toujours à son origine.