ors d’une conférence de presse ce 17 novembre, le collectif Secrets Toxiques, initié par Nature et progrès, Générations futures et Campagne glyphosate France avec l'appui de 74 autres organisations, annonce vouloir faire annuler la réapprobation de l'herbicide controversé. Entouré et soutenu par des eurodéputés (Michèle Rivasi (EELV), Benoît Biteau (EELV) et Christophe Clergeau (PS), la coalition a présenté les raisons son argumentaire :
Andy Battentier, directeur de campagne explique : « Dans le cadre de l’approbation de substances actives au niveau européen, on doit prouver l’absence d’effet néfaste à court et à long terme pour l’être humain et l’environnement dans des conditions normales d’utilisation d’au moins une formulation de ladite molécule. » Et c’est sur ce point que le collectif tique. Leurs études sur l’évaluation du glyphosate et donc sa formulation représentative (nommée MON 52276) montre qu’il n’y a rien sur la reprotoxicité, la neurotoxicité ou encore des traces de perturbateurs endocriniens.
Lorsque Secrets Toxiques a demandé aux Agences sanitaires leurs méthodes d’évaluation technico-scientifiques, « Elles nous ont répondu qu’elles faisaient une évaluation par extrapolation sur une série de coformulants pris indépendamment les uns des autres, regardaient la toxicité à long terme de chacun de ces composants et qu’elles pouvaient en déduire la toxicité à long terme du produit global. Le problème, c’est que nous n’avons pas de disponibilité sur le détail de la méthodologie d’évaluation. » Selon la coalition, l’évaluation coformulant par coformulant ne permettrait pas de juger de la toxicité du produit final.
Guillaume Tumerelle, avocat spécialiste en droit rural présent lors de la conférence de presse explique : « L’EFSA ne prend pas en compte l’ensemble des supports scientifiques qui analysent la formulation complète : elle fait fi de presque toutes les études universitaire et académiques [elles ne représentent que 0,4 % des études analysées]. Les études des industriels ne peuvent être prépondérantes ! Cela fait partie des raisons pour lesquelles nous demandons l’annulation de l’acte. »
S’ajoute à ces raisons le fait qu’il n’existerait pas de ligne directrice pour évaluer les risques sur la biodiversité et les écosystèmes. François Veillerette, porte-parole et directeur de l’association Génération future déplore « Nous n’évaluons pas les risques sur les humains en terme de microbiote ou sur la toxicité mitocondriale… »
Agronomie et redéploiement des enveloppes
Pour l’eurodéputé écologiste Benoît Biteau, « la solution à la sortie du glyphosate c’est l’agronomie ». Lorsqu’on lui demande quels seront les moyens financiers et les aides débloquées mises à disposition pour les agriculteurs pour accompagner et financer ces pratiques nécessitant de réels investissements matériels et humains, il rétorque : « La période d’adaptation est déjà passée, cela fait 15 ans que l’on est censés évoluer. La vérité, c’est que l’on n’a pas su orienter la Politique Agricole Commune (PAC) pour accompagner les agriculteurs, et c’est la priorité absolue de la PAC 2027. Il faut que tout le monde se reconnaisse ! Arrêtons de rendre les agriculteurs dépendants aux pesticides et de faire croire que l’argent n’est pas là, parce que de l’argent il y en a.


Si on avait des politiques publiques courageuses on n’aurait plus à payer pour des solutions curatives. Parce qu’en effet, ce qui coûte cher c’est l’utilisation des pesticides, mais surtout de réparer leurs dégâts sur la santé (enveloppe entre 6 et 9 fois la PAC). La dépollution, représente 4,3 milliards d’euros. Ce qu’on propose nous, c’est le redéploiement des enveloppes publiques et le rémunération des agriculteurs pour et parce qu’il prennent soin d’eux et des autres. Il faut arrêter de préférer céder à la pression corporatiste de la FNSEA et des lobbys qui possèdent ces formules chimiques ! »
La coalition a 2 mois pour demander ce recours en annulation.