e mercredi 22 novembre, le Parlement Européen doit voter en séance plénière le règlement concernant l'usage durable des pesticides (SUR), qui vise la réduction de moitié de l’usage des phytos d’ici 2030 (avec des restrictions de traitements dans des zones sensibles plus ou moins extensibles), ce qui n’est pas sans inquiéter la filière vin et ses élus. « Cette proposition de règlement intervient sans prise en compte du temps de transition nécessaire aux vignerons pour trouver des alternatives aux produits de biocontrôle dont on leur interdirait l'utilisation dans certains secteurs de l'appellation » s’alarme, lors d’une question au gouvernement, la sénatrice Pascale Gruny (Aisne, Les Républicains), pour qui une « approche extensive des "zones sensibles" interdisant tout traitement phytosanitaire revient ainsi à l'abandon pur et simple de ces parcelles ». Plus concrètement, la sénatrice cite « plus de 1 500 hectares de l'appellation Champagne classés site Natura 2 000 », auxquels s’ajouteraient « 1 000 hectares de surfaces concernées par les zones de non-traitement (ZNT) ».
« La France soutient le principe d'un tel texte, notamment au regard d'un objectif d'harmonisation » communautaire, réplique la ministre déléguée à la Ruralité, Dominique Faure, défendant une réglementation qui « assure une protection commune du consommateur européen et l'absence de distorsions entre les producteurs européens. Elle permet ainsi de négocier les mêmes conditions de production sur tout le territoire de l'Union européenne. » Un jugement à relativiser, le rapport de compromis de la Commission pour l’Agriculture du parlement (la Comagri) proposant que les zones sensibles soient définies par chaque État membre, quand Commission pour l’Environnement (la Comenvi) évoque des possibilités de dérogations nationales. Et au sein du Conseil des ministres européens circule une contre-proposition proposant des zones tampons distinguant zones sensibles de nature agricole de celles ouvertes au public.


Rappelant que « la négociation du texte SUR est encore en cours. Cette proposition de règlement est donc encore susceptible d'évoluer, tant au niveau du Conseil que du Parlement européen, puis en trilogue », Dominique Faure reconnaît que « des évolutions restent nécessaires pour réussir à concilier de manière réaliste protection de la santé et de l'environnement, d'une part, et production agricole et souveraineté alimentaire, d'autre part. » Alors que l’étude d’impact de la Commission Européenne chiffre sans sourciller à -28 % la baisse des rendements du vignoble français, la ministre déléguée se veut rassurante : « oui, la viticulture est essentielle au développement et à l'aménagement de nombre de nos territoires. Elle est créatrice de richesses et d'emplois. Ses écosystèmes et ses paysages sont très divers et abritent une biodiversité reconnue. » Si Dominique Faure reconnaît les besoins de protection du vignoble, elle met en contrepartie du « déploiement du projet SUR » un « développement massif d'alternatives : la mise à disposition de nos agriculteurs d'outils de substitution fiables permettant le maintien d'un état sanitaire performant ».
De telles solutions miracles manquant encore cruellement, la sénatrice Pascale Gruny réplique que « les produits phytosanitaires sont aussi un médicament pour les plantes, il faut le dire et le marteler. On en a besoin pour traiter les maladies. Tant que la recherche n'a pas avancé, prenons donc garde de ne pas empêcher nos viticulteurs de continuer de les utiliser. » Dans l’immédiat, l’issue du vote de mercredi reste incertaine.