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"Le vin en vrac n’est pas le problème. Il est la solution"
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Contre-courant
"Le vin en vrac n’est pas le problème. Il est la solution"

Opérateur du vrac depuis 35 ans, Éric Lanxade prend à contre-pied la vision d’une production de vin en vrac par défaut, faute de réussir à valoriser directement en bouteille. Pour le directeur opérationnel du négoce SudVin (basé à Béziers et filiale du groupe Invivo), le vrac n’est pas en fin de course, mais un moyen de relance.
Par Alexandre Abellan Le 19 novembre 2023
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« Ne craignons pas de constater que le lieu et l’ambiance où se déguste un vin sont aussi importants que le terroir et le climat où il est produit » plaide Éric Lanxade. - crédit photo : InVivo
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ace à la déconsommation, la réponse de la filière vin semble être le tout premiumisation… Sans voir d’avenir au vrac, dont les opérateurs de la production sont dans le rouge.

Éric Lanxade : Le vin en vrac n’est pas le problème. Il est la solution pour séduire de nouveaux consommateurs hédoniques en recherche de nouvelles expériences. Sortons le vin en vrac des chais pour le rapprocher des lieux de consommation. Un partage de marge entre tous les intervenants, de la vigne au verre est alors possible, sans gaspiller d’emballages et créer des déchets. La notion de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est désormais pleinement intégrée, les acheteurs des Monopoles (Québec, Scandinavie…) orientent leurs sélections en fonction de l’empreinte carbone et de l’impact environnemental de la production et de la chaine logistique. Le vin en vrac est une réponse efficiente. Ne craignons pas de constater que le lieu et l’ambiance où se déguste un vin sont aussi importants que le terroir et le climat où il est produit. Le consommateur est aussi important que le vigneron ou l’œnologue. Nous proposons, le consommateur dispose.

Certes le segment des vins premiums a l’air de moins souffrir de la déconsommation mondiale avérée, mais force est de constater que notre filière doit se réinventer, s’adapter. Il faut clairement identifier les enjeux communs et les plus-values différenciantes des marchés du vin en bouteilles d’un côté et du vin en vrac de l’autre. Il ne faut plus dissocier ces deux branches de la filière vin, mais il faut enfin assumer de les réunir. Car dans la réalité, elles ne sont pas opposables, mais bien complémentaires, et par essence indissociables. Il faut impérativement remettre le vin au cœur des projets , le rendre vin accessible, compréhensible et rééquilibrer les conditions du marché entre le vigneron, le vracqueur, l’embouteilleur, le distributeur et le consommateur. La premiumisation n’est pas seulement l'acte de vendre des qualités supérieures. Pour le métier de négociant vracqueur, la premiumisation se fait sur le service avant tout. Et c’est là notre raison d’être chez Sudvin.

De nos jours, le négociant vraqueur n’est plus relégué au simple rang du vendeur de vrac au débord, il a l’obligation d’offrir un service avec sa capacité de proposer un produit standard au bon prix, d’une qualité constante et égale du début du marché à la fin, traçable, bas carbone, idéalement et au minimum certifié Haute Valeur Environnementale (HVE), vegan … Et répondant à tous les critères des cahiers des charges des clients. Mais aussi s’adaptant en permanence à tous les changements de volumes des contrats et commandes de son client au gré des opérations commerciales. Sans oublier sa capacité à acheter, financer, stocker, stabiliser, assembler et livrer les vins dans des conditions irréprochables, en suivant des protocoles qui sécurisent le client et le consommateur final (certification IFS, BRC, ISO, politique RSE…).

 

En termes de RSE, l’enjeu pour la production de vin en vrac semble aujourd’hui être le partage de la valeur. Comment assurer une juste rémunération aux viticulteurs ?

Un joli verre de 15 cl de vin à 5 € TTC au restaurant, c’est 2 600 €/hl ! Le partage de la valeur entre tous les intervenants est indispensable, c’est même la clé et la matrice de la RSE. Après les décennies viticulture, œnologie, puis marketing, ce sont les modes de consommations nomades et évènementielles qui permettrons de proposer d’accéder aux nouveaux consommateurs et de mettre nos produits en avant face à la bière notamment. Je crois beaucoup à la distribution au « wine on tap », au Winetank, aux canettes, à tous les conditionnements alternatifs… Le commerce du vin en vrac de qualité permet cette agilité.

J'insiste, mais nous misons avant tout sur la premiumisation des services. Notre raison d’être en tant que négociant vracqueur est de proposer des standards élevés en terme de certification (IFS, BRC,…), de respect des cahiers des charges exigeants, de régularité de livraison, de connaissance des procédures douanières les plus complexes, de supply chain, d’ingénierie financière… À l’atomisation de l’offre de vins en vrac actuelle, nous préférons nous différentier par cette offre de services, cela a un prix, que nous devons défendre. Avec le développement du conditionnement du vin au plus proche du lieu de mise en marché, le vracqueur devient un vrai chef de projet et participe dorénavant à toutes les étapes marketing avec son client (habillage, communication, profil, logistique appro…). Le vracqueur devient le référent du client.

 

Pour assurer un débouché commercial à un lot de vin en vrac, faut-il passer par la généralisation de la contractualisation et de cahiers des charges fixant les exigences et profils des vins recherché par le commerce ?

Le commerce, c’est la confiance. Force est de constater qu’il convient de la réinstaurer aujourd’hui en redéfinissant des règles qui protègent nos producteurs. Dans ma carrière, j’ai vu passer beaucoup de tentatives de contractualisation qui ont échoué dès lors que l’on aborde le corridor de prix et les exceptions pour déroger (aléas climatiques, taux de change…). Je suis convaincu que la contractualisation doit se faire à trois : production, négoce et distribution. Convenir de zones d’accord et fiabiliser les rotations.

 

Vous allez participer au salon World Bulk Wine Exhibition d’Amsterdam (lundi 20-mardi 21 novembre), par rapport aux salons de prestige du vin en bouteille, quelle vision esthétique du vin défend-on chez les vracqueurs, actuellement mis en cause dans la crise des vins de l’Aude ?

Malmené, vilipendé, accusé de tous les maux, le vrac est pourtant l’état le plus universel et originel du vin. Tous les vins, dits « petits » ou « grands », bio, nature, conventionnels... passent par l’état de vrac à un moment de leur existence et dès leur naissance. Le vin conditionné ne vit quasiment plus, il vieilli. Toutes les qualités d’un vin se révèlent, ou pas, dans sa période en vrac, son éducation . C’est un vin nu. Sans maquillage marketing, sans les habits d’un flacon pour cacher les formes disgracieuses.

Comme une statue grecque antique, cette nudité doit être esthétique pour séduire. Le vin en vrac exprime sa beauté dans la sincérité de ses différentes formes, qu’elle soit opulente, généreuse, équilibrée, brute... Le vin peut être sec, fin, maigre, fort, soyeux, tendre, généreux, bodybuildé… Sa condition de vrac lui permet d’exprimer précisément ses qualités sans cacher ses faiblesses.

À nous de créer une communauté pour relayer ces messages positifs sur nos métiers passionnants.

 

 

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Tous les commentaires (7)
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Albert Le 21 novembre 2023 à 19:08:01
Je ne comprends pas le discours de M. Lanxade. Je n'ai pas autorité pour remettre en question ses 35 années de négoce mais .. son discours ne me "parle" pas. Se pose-t-il en défenseur d'une profession (ça se saurait si l'activité de négoce vracqueur était un maillon "qualitatif" ?uvrant en appui de la filière amont.) ? .. son interview a un côté "hors sol".
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Vigneron Le 20 novembre 2023 à 14:54:08
Le problème est aujourd'hui que le VRAC ne rémunère pas suffisamment la qualité du vigneron. La tendance à la moyennisation des cours tend la filière vers le bas, selon la logique: une Appellation = Prix moyen. Rare sont les négociants qui proposent de surenchérir le cours. Dans ce cas, quel intérêt pour le vigneron de proposer un vin de qualité qui ne sera pas rémunéré à son juste prix ? C'est pour cela que le marché en bouteille est plus rémunérateur, Si c'était plus intéressant pour le vigneron de vendre en VRAC, le prix en VRAC devrait être rehaussé d'au moins 50%, mais le vraqueur doit prendre aussi sa marge, ce qui revient à vendre le vin plus cher au consommateur.
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Dumas Le 20 novembre 2023 à 09:32:14
Une solution, une seule;Mettre en oeuvre urgemment le scénario N°1 : "filière plurielle, proposé dans l'étudee prospective Vigne-Vin-LR élaboré après la fin de la PDA en 2011. L'union fait la force alors que chacun tire SA ficelle dans son coin et que tout s'effondre!. Ce scénario a le mérite de fédérer tous les acteurs de la filière viticole dans une gouvernance régionale pour intégrer ses attentes et coordonner la production et la mise en marché d'une gamme régionale compléte, cohérente économiquement pour les professionnels, lisible pour les consommateurs. Ce qui est valable pour le LR l'est aussi pour les autres vignobles. Localiser la viticulture en ilots avec pour chacun d'eux sa propre stratégie, (AOP,bio,...) ou "coût/volume assumée. L'irrigation restant à la charge des pouvoirs publics pour la création urgentissime de retenues collinaires dédiées. Reste que tous les producteurs actuels ne sintègreront pas dans cette nouvelle organisation et qu'une nouvelle prime à d'arrachage définitif (PAD) sera à activer. Il reste étonnant de constater un "mitage" effarant des plaines du Languedoc Roussillon, depuis la fin de laPDA en 2011, sans qu'aucune autre production s'organise dans cette région. Chacun sait maintenant que la production de l'amande BIO est Le marché à mettre en oeuvre dans LR sachant que 25 000 ha d'amanderaies couvriraient la demande interne. Pourquoi les pouvoirs publics ne s'y interessent pas en même temps qu'ils accompagneraient la mis en oeuvre du scénarion N°1 de l'étude prospective de la DRAAF (LR), de SupAgro, de l'INRA?
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Matthieu Le 20 novembre 2023 à 08:12:40
Une question: quelle est la rémunération responsable/sociétale/éthique/durable du vigneron pour 1hl de vin quand le consommateur paye 2600?/hl en bout de chaîne ? Il faut vite trouver une réponse sinon il n'y aura plus de vins car plus de vigneron pour les produire.
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zinza Le 20 novembre 2023 à 08:02:44
Surprenant , un type qui vend du vin en vrac et qui nous explique donc que c'est la solution :-) et qui nous dit que le vrac "C?est un vin nu. Sans maquillage marketing, sans les habits d?un flacon pour cacher les formes disgracieuses." pour ensuite conclure que " le vracqueur devient un vrai chef de projet et participe dorénavant à toutes les étapes marketing avec son client ". Ou comment mieux vous vendre un produit "disgracieux"
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Albert Le 20 novembre 2023 à 08:00:49
Que chacun.e exprime sa vision, son point de vue, c'est très interessant. Mais, qui s'intéresse aux attentes du consommateur ? .. en écrivant celà, je m'étonne encore, sauf grosse erreur de ma part, que la filière ne se donne pas les moyens de recueillir les avis, les attentes des consommateurs (tout en reconnaissant que les profils sont évidemment nombreux). A quand une enquête ?
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Legouy Le 19 novembre 2023 à 23:14:40
Voilà qui est original : un pratiquant du vrac dont il défend haut les couleurs, les atouts et jusqu'à l'esthétique ; "le vin en vrac n'est pas le problème. Il est la solution" ; qui a un verre de vin à la main, prêt à le boire et une bouteille à ses côtés :)
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