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Le tribunal tend la main aux vignerons en difficulté, avant qu’il ne soit trop tard
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Zone crise
Le tribunal tend la main aux vignerons en difficulté, avant qu’il ne soit trop tard

Caves particulières et coopératives à court de trésorerie, n'ayez pas peur de solliciter le tribunal pour bénéficier de ses outils préventifs et ne pas laisser pourrir la situation économique de votre domaine jusqu'à ce qu'il ne soit trop tard.
Par Alexandre Abellan Le 02 novembre 2023
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Le tribunal tend la main aux vignerons en difficulté, avant qu’il ne soit trop tard
- crédit photo : Adobe Stock (Pic Rider)
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rise mine dans le vignoble bordelais, alors que les ventes de vins rouges restent en berne et que les coûts d’exploitation ont explosé ce millésime 2023 (mildiou oblige). « De plus en plus de viticulteurs se retrouvent aujourd’hui dans de réelles impasses financières avec des causes qui s’additionnent (surendettement bancaire, des aléas climatiques, des petites récoltes, un marché en crise…) » rapporte Antony Cararon, le responsable du Service Conseil du CER France de Gironde. Soutenues par les aides covid (jusqu’en 2022) et les indemnités d’assurance (« qui constituent finalement du chiffre d’affaires en avance par rapport au rythme habituel de règlement d’une récolte »), les trésoreries sont désormais à bout de souffle : « depuis le début de cette année, le nombre de demandes de conciliation (mandat ad hoc ou règlement amiable judiciaire) s’accroit. Nous craignons une augmentation des redressements judicaires dans les mois à venir… » avance Antony Cararon.

Prévenir pour guérir

S’il n’existe pas de statistiques spécifiques aux exploitations viticoles à la chambre des procédures préventives du tribunal judiciaire de Bordeaux, sa magistrate, Delphine Dupuis Dominguez, assistée de sa greffière, Eve Vacant, note une augmentation des conciliations et mandats adhoc ces derniers mois. Intervenant avant la cessation de paiement, les audiences de règlement amiable agricole, de mandat adhoc et de conciliation sont un « moment charnière » plaide Delphine Dupuis Dominguez. Désignant un mandataire de justice en qualité de conciliateur, la procédure préventive permet de renégocier les créances des exploitants (banques, MSA, fournisseurs, impôts…) et d’éviter la cessation des paiements : « ça marche bien quand c’est détecté tôt. Les chiffres le montrent » pointe la magistrate, rapportant une estimation nationale de 80 % de réussite pour les procédures préventives. Du moins quand un dossier est ouvert suffisamment tôt. « Le conciliateur ne peut plus faire grand-chose quand il n’y a plus de latitude » souligne Delphine Dupuis Dominguez.

Juriste assistant à la chambre des procédures préventives, Nathanaël Girardin-Valley abonde : « le tribunal et le mandataire ne sont pas des magiciens. Ils n’ont pas le pouvoir de relancer la vente de vins. » Mais ils peuvent porter un œil juridique permettant la restructuration de l’entreprise avant qu’il ne soit trop tard. La procédure préventive « souffre de méconnaissance. 100 % de ceux qui se retrouvent en redressement judiciaire auraient pu bénéficier de la prévention dès les premiers signes de difficulté » relève Delphine Dupuis Dominguez, qui a le projet d’investir les points justice du Conseil Départemental d’Accès au Droit de la Gironde pour aller au contact des exploitants, et souhaite animer prochainement une conférence d’information générale ouverte au plus grand nombre de vignerons.

Procédure de détection

En attendant, le tribunal met à profit une procédure de détection des difficultés grâce à un partenariat avec la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et la Direction Régionale des Finances Publiques (DRFIP) pour détecter les entreprises fragilisées et ayant de premières difficultés de recouvrement sur leurs cotisations sociales et fiscales. Encore à l’échelle expérimentale, cette procédure passe par une convocation destinée à présenter les procédures à l’exploitant potentiellement en difficulté. Informel, cet entretien est une main tendue par le tribunal aux vignerons, qui ont le choix de la saisir, ou non. « Toutes les procédures préventives sont à l’initiative de l’exploitant » pointe Nathanaël Girardin-Valley, encourageant les exploitants à changer d’idée sur la procédure préventive : « elle participe d’une gestion saine d’une entreprise, comme demander un prêt à une banque. Le but c’est de maintenir l’activité en payant ses créanciers*. La liquidation n’arrive qu’en ultime recours, seulement lorsque les autres solutions n’ont pas fonctionné. »

Un avantage de la procédure préventive est de ne pas déposséder l’exploitant de la gestion de son domaine, le mandataire l’assistant, comme le souligne Delphine Dupuis Dominguez, évoquant des possibilités de restructuration, avec le plan d’arrachage sanitaire en cours d’examen européen, ou avec de la diversification, en adoptant d’autres cultures agricoles. « L’objectif d’une procédure préventive n’est pas que de rembourser, c’est de trouver des solutions pérennes. C’est un mal nécessaire pour les entreprises » répète la juge. Et si « la procédure préventive ne marche pas, elle permet de se préparer à la procédure collective, liquidation ou redressement judiciaire. Il vaut mieux que l’exploitant soit acteur de sa procédure » conclut Nathanaël Girardin-Valley.

 

* : La procédure préventive ne peut pas effacer de créances, contrairement à une chambre de surendettement.

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Tous les commentaires (3)
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augustin Le 16 avril 2024 à 22:00:38
Près de 6 mois plus tard les instances judiciaires compétentes ne sont toujours pas appelees autour de la table ni par le préfet ni par l interprofession ... de peur probablement d avoir la confirmation d une métastase du système viticole bordelais tout entier . Tiens on n entends plus guère parler du trio 2023 arrachage distillation campagne de pub. ... Place donc au nouvel hit parade egalim , prêt de trésorerie d urgence et nouveau bpe bpi . Même ceux qui en parlent n y croient pourtant guère ,par ce pluvieux printemps 2024. Heureusement la semaine des primeurs du millésime 23 deboule ...et on va faire mine de découvrir un nouveau miraculé qui , malgré une conception difficile , s avere à nouveau d une qualité excellente , un vrai vin de vigneron etc etc etc ...Pendant ce temps là les ventes judiciaires de vin vont se généraliser, avec l effet sur l évolution des cours que l on peut imaginer... Jamais l absence de solidarité au sein de la filière bordelaise n à été aussi regrettable , jamais les écarts de revenus et de patrimoine n ont été aussi importants depuis 1982 et le début de l ère Parker .Celui ci nous a quitté il y a 10 ans déjà, avec la dégustation du millésime 2013... et Bordeaux selon certains a ainsi perdu son génie bienveillant ... qui savait décerner des grosses notes à des petites bouteilles ( et lycée de Versailles aurait dit Coluche ) Sic transit gloria :^(
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augustin Le 03 novembre 2023 à 17:28:32
bonsoir à tous arrêtons de prendre des vessies pour des lanternes en prétendant que le patron de petit château bordelais garde le choix sur le plan juridique des qu il est en difficulté Le droit positif est en effet très clair en ce qu il astreint le gérant a déclarer au tribunal la cessation de paiement et ce des lors qu il constate que son passif exigible est supérieur à son actif disponible ! Ce qui malencontreusement est le cas pour beaucoup... Encore maintenant, nombre de viticulteurs (encouragés dans ce sens, quelquefois, par des comptables trop complaisants ) veulent continuer à croire que la valeur du stock de vin peut être intégré dans cet actif disponible ! Or ce n est plus le cas et comme le disait en audience le précédent président du tj de Bordeaux : en l espece "le vin n est pas liquide" et ce qu il soit stocke en vrac en barriques en tb ou même habillé près à l enlèvement... Au delà du caractère plaisant de la formule (?) se cache le tragique de la situation actuelle : nombre de petits châteaux sont en déjà en CP de facto sinon " de jure "hélas. Il y a donc urgence de mettre en place les procedures collectives adéquates en place, donc des CP , octroyer pendant qu il est encore temps les périodes d' observation avec administrateurs et avocats indispensables ... et faire face ! .Mais attention aux banques qui auront recours immédiat aux cautions de la scea des la cp puis ...aux associés sur leurs biens propres des la lj ...Et la msa comme le trésor publicne peuvent éternellement patienter. La filière à Bordeaux se doit donc d établir en premier lieu un diagnostic clair de la situation, ensuite de la rapidité de la dégradation de la situations urgent fin 23 ...pour revenir vers les pouvoirs publics non plus avec nouvelles demandes de subventions ou campagne de pub ...qui ont fait illusion 6 mois... mais des mesures concrètes pour début 24 et en tous cas avant les primeurs du Printemps prochain . Réforme du barème de la cvo du volume à la valeur, enquetes judiciaires par l autorité de la concurrence à l encontre des acteurs de la filière pratiquant depuis trop longtemps peut être l abus de position dominante , le chantage au refus de vente voire possiblement la vente liée .Publication à nouveau des cours de vins de Girode ... La liste est courte mais prometteuse . Reprenons espoir car la demande revient aux usa comme en rpc pour le vin moyenne gamme .Mais faisons en sorte que cette reprise bénéficie à tous et non ( comme c est le risque auourd hui peut être) aux seuls vins resultant proprietes du négoce ou encore des stocks achetés en second vin un peu vite . Bordeaux porte en elle beaucoup de ses problèmes mais aussi la majorité de ses solutions , à condition que la volonté collective soit affichée et la mise en place soit solidaire Plus personne ne doit aujourd'hui se déclarer "preoccupe" tout en prétendant" ne pas être concerné ".
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Dominique Le 02 novembre 2023 à 10:06:33
Il est sûr qu'il vaut mieux être acteur de sa procédure. Tout cela reprend des types d'interventions plutôt d'une autre époque, genre "Agir vite" de la Chambre d'agriculture. Mais le contexte a changé. Ce ne sont plus quelques dizaines de domaines en souffrance qu'il faut accompagner. Ce sont des centaines, voire sans doute autour de deux mille. On n'est plus dans une approche micro-économique où il faudrait accompagner des gérants insuffisamment "agiles" vers des "modèles gagnants" ( où sont-ils ?) On a maintenant un problème d'effondrement complet d'un modèle économique. Effondrement économique plus particulièrement bordelais, sa gouvernance CIVB cumulant les erreurs stratégiques et à la fois, la suffisance et l'insuffisance. Ce crash débouche maintenant sur une situation où ça ne peut plus être une instance viticole en faillite qui garde les rênes. C'est maintenant un problème social et d'aménagement d'un territoire totalement ébranlé dans ses fondements historiques. La revendication du mouvement spontané des vignerons bordelais c'était bien, dès le début, un plan social de départ, pas un supplément de rustines pour un système moribond. Comme disait Pierre Dac, "face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement".
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