ls sont ronds, ils sont frais, ils sont fruités : les beaujolais nouveaux 2023 ne devraient pas désorienter les consommateurs. Après les jus très concentrés de 2022 dûs au climat atypique, le nouveau millésime offre « une belle synthèse de ce que l’on sait faire en beaujolais », juge le courtier en vins Geoffroy Jacquemont. « On a des Gamay bien typés. Les vins sont très fruités mais équilibrés, avec de belles extractions de couleurs et des matières plus légères qu’en 2022 qui donnent des vins plus digestes. C’est un millésime très primeur qui devrait plaire ! »
Les cours du vrac sont reconduits comme l’an passé, autour de 300 €/hl en beaujolais et 310 €/hl en beaujolais villages.
Le vigneron David Ratignier, vice-président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) Beaujolais et Beaujolais Villages, est aussi enthousiasmé par ce « super millésime » qui n’a pas causé de soucis en vinification. « Les clients habituels seront contents », approuve celui qui a « bon espoir de faire une belle campagne de vente directe car les vignerons ont de la demande pour des portes ouvertes ».
En revanche, sur la grande distribution France, où s’étaient écoulés 39 500 hl l’an dernier, l’érosion des volumes se poursuit. David Ratignier s’attend à une nouvelle baisse de 10 %. Si les acheteurs sont timides, c’est peut-être parce que « certains attendaient des baisses de prix, suggère le courtier Geoffroy Jacquemont. Elles ne sont pas arrivées, notamment parce que l’on vend beaucoup de crémant en gamay. Il y a donc une forte demande de moût en gamay qui se vend autour de 3 €/l. Or on en peut pas décemment vendre les primeurs moins cher que le moût... »
Même si les chiffres définitifs seront connus tardivement, car les achats de dernière minute sont fréquents, « les ventes en circuit traditionnel se passent bien », rapporte le négociant et président d’Inter Beaujolais Philippe Bardet. L’interprofession a chouchouté les cavistes indépendants en lançant une opération de communication qui leur est dédiée : chacun des 500 cavistes inscrits a sa publicité digitale diffusée sur les réseaux sociaux de sa zone de chalandise, et l’ensemble des évènements est géolocalisé sur la la plate-forme dédiée.


A l’export, le courtier Geoffroy Jacquemont observe une légère érosion, que ne confirme pas Philippe Bardet. « Les marchés export devraient se stabiliser, notamment parce que les deux principaux acheteurs que sont le Japon et les Etats-Unis semblent repartir », indique-t-il. L’export avait absorbé l’an passé 48 500 hl, dont 17 500 hl pour le Japon et 8 900 hl pour les Etats-Unis.
Avec zéro stocks et une nouvelle récolte « normale », plus ou moins affectée par la sécheresse dans le sud ou par la grêle localement, « l’offre n’est pas pléthorique en Beaujolais et Beaujolais Villages », reprend David Ratignier. Le coefficient primeur a été laissé à 0,42 cette année. « Même si la demande est en baisse, nous ne sommes pas en suroffre », conclut-il.
« Au total, sur l’ensemble des marchés et la vente directe, on devrait s’approcher des 124 000 hl de l’an passé, estime Philippe Bardet. Et surtout, avec une valorisation des vins qui permet à tout le monde de vivre. »