nanimement, « le secteur vitivinicole condamne fermement les attaques contre le vin espagnol en France » annonce ce 19 octobre un communiqué de l’Interprofession du Vin d’Espagne (OIVE). Réunies en marge du congrès scientifique sur le vin et la santé à Tolède, les organisations ibériques* affirment leur « rejet total des attaques dont sont victimes les camionneurs espagnols en France de la part des viticulteurs de ce pays, qui tentaient d'empêcher le passage du vin espagnol à la frontière » (voir vidéo ci-dessous). À l’appel du Syndicat des Vignerons de l’Aude (SVA), des manifestants ont bloqué dès le matin des camions espagnols traversant la frontière au péage du Boulou (Pyrénées Orientales), avec la casse de caisses de cavas de marque Freixenet (le groupe Henkell ne souhaite pas réagir) et la vidange d’une cuve de vin rouge espagnol destiné au site nîmois du négoce Johanès Boubée (la filiale du groupe Carrefour ne veut pas commenter).
Pour la filière des vins espagnols, reste imaginable « tout acte de violence contre les entreprises vitivinicoles espagnoles, qui respectent scrupuleusement toutes les réglementations commerciales européennes ». Un rejet, « d'autant plus grand que ces attaques sont menées par d'autres vignerons, parfaitement conscients des efforts que nous déployons, face à un marché difficile où pèsent les coûts de production élevés, l’augmentation des matières premières et les situations d’incertitude et d’instabilité des marchés » ajoute l’OIVE. Saluant le soutien rapide de son ministère de l’Agriculture, qui a condamné dès le matin des actions « portant atteinte à la libre circulation des marchandises au sein de l'Union Européenne », la filière hispanique demande que « les mesures nécessaires soient adoptées pour éviter de nouvelles attaques injustifiée des entreprises [de transport] en particulier et le secteur vitivinicole espagnol en général. »


« Nous demandons aux autorités de veiller à ce que ce type d'attaques ne se produisent pas et de mener les actions nécessaires pour que les responsables cessent d'agir en toute impunité. Ils doivent répondre à la loi et payer pour les actes qu'ils commettent » annonce la Confédération Espagnole du Transport de Marchandise (CETM) dans un communiqué.
Qui ajoute que « ce n'est pas la première fois que les entreprises de transport routier de marchandises et les travailleurs indépendants subissent de manière totalement injustifiée ce type d'agression, qui met en danger la sécurité des chauffeurs professionnels et entraîne en outre des pertes importantes pour le secteur. » La dernière action du SVA au Boulou remonte à mai 2017 (juste après celle d’avril 2016), alors que les importations françaises de vin en vrac espagnol étaient au plus haut (elles sont actuellement en fort repli).
Mais la portée symbolique de ces importations reste forte pour les vignerons languedociens en pleine crise économique. Les tensions restant fortes dans le Midi, le cabinet du ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas, assure être « en contact avec les autorités françaises pour que la normalité soit rétablie et que ces incidents ne se reproduisent pas » rapporte la presse espagnole. Alors qu'un prochain cycle de manifestation est prévu dans tout le Midi viticole, le risque de nouvelles actions coups de poing reste fort : contre les transporteurs de vins espagnols, mais aussi leurs acheteurs du négoce, les metteurs en marché de la grande distribution... Et les embouteilleurs, comme au début du mois.
* : Soit les Coopératives Agroalimentaires d'Espagne, l’Association Agraire des Jeunes Agriculteurs (Asaja), la Coordination des Organisations d'Agriculteurs et d'Éleveurs (COAG), l'Union des Petits Agriculteurs et Éleveurs (UPA), la Fédération Espagnole du Vin (FEV) et l'Association Espagnole des Entreprises de Vin (AEVE).