et automne 2023, le photomontage d’une fausse annonce de vente immobilière sur le site du Bon Coin circule dans le vignoble. On y voit la mise en vente de Planète Bordeaux, le siège de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur (à Beychac-et-Cailleau), « pour un euro symbolique rentabilité assurée par des adhérents captifs mais en régression numéraire » moque le photomontage, qui indique céder « un bâtiment à l’image de la filière Bordeaux, à savoir qui prend l’eau et qui est structurellement fragilisé ». Sous le titre « à céder, ODG des Bordeaux avec son équipe de dirigeants pour cause d’inefficacité », la fausse annonce sarcastique donne pour « conseil de gestion : sans rien faire vous ne ferez pas pire ».
N'ayant pas eu connaissance de ce photomontage avant la sollicitation de Vitisphere, l’ODG répond que « nous ne pouvons commenter chaque critique. Nos efforts sont tournés vers la sortie de crise et la mise en place des 10 mesures de notre feuille de route stratégie, décidé par notre Conseil d’Administration ». Soit 10 actions en trois axes stratégiques : « Bordeaux affirme son ADN (avec une nouvelle identité autour de l’humain, des actions de terrain et le développement de l’œnotourisme), Bordeaux régule sa production (mise en place d’un volume régulateur interprofessionnel, demande d’un programme temporaire d’arrachage définitif primé, soutien de dispositifs éliminant les vignes en friche et diversification des viticulteurs) et Bordeaux adapte son offre (repensent la segmentation, étudier de nouveaux produits et accompagner les leviers de valorisation). »


Vachard mais pas revanchard face à l’ODG Bordeaux (qui n’a pas sacré ses partisans), le collectif des viticulteurs bordelais (Viti 33) réfute être à l’origine de cette fausse annonce. « Je ne sais pas qui a fait le montage du Bon Coin. On ne se permet pas ça dans le collectif » réplique Didier Cousiney, le porte-parole du mouvement (en phase de constitution comme association). Vigneon retiré, le maire du Pian-sur-Garonne permet cependant d’éclairer deux attaques portées par le photomontage. L’annonce pointe du doigt des élus « toujours plus prompts à dépenser l’argent des autres en étude de projet sans faisabilité ou nouvelles réflexions prospectives déjà proposées depuis 15 ans ». Soit les investissements dans le projet annulé de rénovation de Planète Bordeaux et la référence à un tract du collectif « y aura-t-il demain des vignerons à Bordeaux » proposant de resegmenter les vins bordelais explique Didier Cousiney, qui alerte sur une filière girondine « dans une merde pas possible, excusez-moi du mot. Une catastrophe se prépare : Bordeaux ne va pas mal, mais très mal. Certains vont mettre la clé sous la porte, d’autres ne survivront pas. Il y a obligation de repartir d’une page blanche : réinventer, innover, recréer… »