a construction démarre ce 25 septembre au château Prieuré de Beyzac, implantée sur la commune de Vertheuil, en Gironde : un chai de 135 m2 qui pourra accueillir 120 000 bouteilles. Sa particularité ? Il va être érigé, hors sol, avec des murs de 50 cm en paille, des enduits de terre et de chaux. La toiture est dotée de Biofib, isolant biosourcé. La paille provient d’une commune voisine, celle de Ludon Médoc et la terre d’Avensan.
C’est un des rares châteaux dans le Médoc à se doter ainsi de ce type de chai, dans lequel la paille joue le rôle de régulation de température. Plus besoin de se doter de climatisation.


Pour Éric Charlassier, à la tête de la propriété familiale de 13,5 ha, (80 000 cols écoulées à 80% à cinq négociants, 20% aux particuliers), HVE depuis 2019, Terra Vitis depuis 2011, cette construction est dans le droit fil de sa philosophie : « Nous travaillons le sol le moins possible. Nous avons planté 1 km de haies, arrêté les désherbants. Nous sommes dans une démarche globale ». Mais pas que, cette construction est inévitable : « Le négoce est moins demandeur des vins de Bordeaux. Il ne stocke plus et se désolidarise de la production. Du coup nous sommes obligés d’assumer ce stockage, qui est très pénalisant, car fiscalement nous sommes imposés sur ces stocks. Je préfèrerais un soulagement fiscal plutôt que de demander des aides » lâche Éric Charlassier.
Les travaux devraient s’achever en début d’année prochaine. Dans le même temps, un hangar agricole de 200 m2, lui, en parpaing, est également construit. Au global les deux constructions auront nécessité un investissement de 350 000€ H.T (emprunt et aide de France Agrimer). Investissement également à hauteur de 150 000 € dans un tracteur et un appareil de traitement.


Éric Charlassier, 61 ans, se sent épaulé. Depuis deux ans, Mathieu Eyheramouno, son gendre, 31 ans, ex-commercial dans le secteur viticole, travaille à ses cotés à la propriété, tout en terminant son master de manager de domaine viticole à Bordeaux Sciences Agro. « Éric m’a tout appris, de la vigne au chai » indique-t-il. Les deux hommes affichent leurs ambitions : « Les négociants avec qui nous travaillons écoulent nos vins aux Etats-Unis, au Japon, en Europe de l’Est, en Malaisie. Nous voulons nous développer avec des importateurs ou des agents sur d’autres marchés tels que les pays nordiques, friands de notre démarche Terra Vitis et de notre vin élevé pendant douze mois dans des barriques de plusieurs vins » explique Mathieu.
En attendant la propriété a été sélectionnée par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) pour participer à l’opération « Bordeaux undiscovered » qui s’est déroulée du 12 au 21 septembre. Une tournée dans 4 villes chinoises (Beijing, Shanghai, Canton, Chengdu) pour présenter aux professionnels du vin (400 personnes attendues) une sélection de vins de Bordeaux non-présents sur le marché. Déjà un des plus gros importateurs chinois vient d’entrer en contact avec château Prieuré de Beyzac.
De son côté l’ODG du Médoc a choisi la propriété pour participer à la série « Le Médoc à table » (dix épisodes de 4 minutes chacun, diffusés sur Youtube). Ainsi dans l’un des épisodes, le chef Jun Yamano du restaurant gastronomique « Yuasa » à Bordeaux, concocte des mets en accord avec le vin de château Prieuré de Beyzac.
Mathieu aimerait à terme créer une autre cuvée, plus simple que celle de Prieuré de Beyzac. Pour autant, pas question de céder « aux sirènes du moment » selon son expression, à savoir « arracher pour faire du blanc très demandé aujourd’hui ! »