Le réchauffement climatique est criant dans notre vignoble désertique du Narbonnais ». Lors de la réunion de vendanges organisée par les vignerons indépendants de l’Aude, Matthieu Dubernet dresse un bilan alarmiste des analyses réalisées par ses équipes ce millésime.
Malgré la sécheresse de l’été et de l’automne 2022, la vigne est sortie de l’hiver avec de bonnes réserves en sucres. « Le débourrement et la belle sortie de grappes au printemps ont sauvé la production de l’année » pose le dirigeant du groupe de laboratoires d’œnologie, avant d’enchaîner les mauvaises nouvelles. « Les sols n’ont pas fonctionné en début d’année. Nous n’avions jamais vu de teneurs en azote aussi basses à la fermeture de la grappe et à la véraison depuis 2015, l’année de nos premières analyses sur pétioles ».
Malgré l’effet de concentration lié à la sécheresse des derniers jours, Matthieu Dubernet alerte l’assemblée sur le risque de faibles niveaux d’azote assimilable dans les moûts et de défauts d’arômes dans les futurs vins. « Contrairement à ceux de 2022, les vins de 2023 risquent d’être très peu parfumés » prévient l’œnologue.


Matthieu Dubernet explique ensuite que les faibles niveaux de phosphore n’ont pas pu accompagner la photosynthèse et le développement de la végétation. « Le mauvais fonctionnement des sols a également eu des répercussions sur le calcium. Les acidités fléchissent rapidement, les baies ont tendance à se flétrir et les raisins ne pourront pas mûrir sur de très longues durées ».
S’il espérait jusqu’alors que les faibles niveaux de potasse contiennent la montée des pH, Matthieu Dubernet sait que les coups de chaleur induisent des décharges potassiques, avec des renvois de potassium de la plante vers le fruit. Il note par ailleurs que la magnésie est à son plus bas depuis 2015 dans l’Aude. « Comme les baies sont petites, les premiers pinots vendangés sont assez colorés, mais ce ne sera pas le cas sur des grenaches ou des merlots plus vigoureux ».
Matthieu Dubernet se satisfait en revanche de voir les niveaux de fer remonter. « Les vignerons apportent plus de de fer chélaté. Pour un investissement de l’ordre de 25€ par hectare, ils peuvent espérer voir leur rendement de l’année augmenter jusqu’à 25% ».