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Ça se tasse la figure

Par Alexandre Abellan Le 30 juin 2023
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Q

ue ceux qui voient arriver sereinement les volumes de la vendange 2023 à Bordeaux, en Languedoc, en Vallée du Rhône et dans bien d’autres vignobles lèvent le doigt… Certains en viendraient presque à envier ceux dont les rendements sont déjà raclés par la sécheresse ou la grêle : ces derniers n’ont plus rien à faire, ni dépenser. Alors que la distillation et l’arrachage se mettent en place, l’esprit de la filière pouvait-il être à la fête ? Difficilement, sans aucun doute, mais on pouvait l’espérer moins préoccupé. À l’heure du bilan de la campagne commerciale 2022-2023, "ça se tasse" entend-on dans de nombreux bassins viticoles, pour ne pas dire dans tous. Le thermomètre des assemblées générales et congrès qui animent la saison estivale ne trompe pas. Si les cycles économiques ne sont pas nouveaux dans la filière vin, il semble que dans le tour de France des vignobles il y ait peu de performances de grimpeur, mais plutôt des descentes sans freins. Les baisses de commercialisation en volume et/ou valeur sont constatées sur nombre de segments et de réseaux de distribution, entre déconsommation nationale et inflation mondiale.

Sur le terrain, les situations déjà difficiles deviennent critiques et imposent aux campagnes de distillation et d’arrachage d’être des réussites pour rééquilibrer l’offre et la demande. Ailleurs, des indicateurs passent au orange sur des secteurs qui se portaint jusqu’alors insolemment bien, avec un tassement des ventes en Champagne et Cognac (effet plateau de normalisation ou baisse plus durable, l’avenir le dira), un ralentissement des ventes de vin en vrac en Provence (sur les Coteaux Varois et le "second choix" des Côtes de Provence), une inquiétude croissante en Bourgogne de décrocher des marchés (avec la crainte d’un bashing face à l’augmentation continue des prix)… À des degrés divers, nul n’est épargné, ni serein. « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » écrit Jean de la Fontaine dans les Animaux malades de la peste (Les Fables, 1678).

Si la filière vin parle beaucoup de déconsommation depuis plusieurs mois, c’est désormais la déproduction qui est sur toutes les lèvres, et dans toutes les stratégies cherchant à limite la casse. Curseur spontanément mobilisé, la baisse des rendements a l’inconvénient de réduire la capacité de production de tous les opérateurs, sans distinction selon les capacités de mise en marché (sans compter l’impact sur les coûts de production). En développement, les mises en réserve interprofessionnelles permettent de stabiliser les à-coups, de production et de commercialisation, mais toujours dans la limite de crises ponctuelles (et des capacités de stockage). La contractualisation pluriannuelle permet bien de faire filière et de partager les risques, pour le pire et le meilleur, avec la co-construction de profils produits adaptés aux marchés, mais qui porte aujourd’hui ce projet ?

Pour ne pas se laisser emporter par cette crise vitivinicole en puissance, les optimistes* diront que les opportunités se trouvent dans l’adversité et la difficulté. Les fatalistes** rappelleront la phrase de Louis Pasteur : « la chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés ». Pour passer de l’opportunité à la sérendipité, misez sur l’observation, l’inspiration, l’attention, l’information… Ce que le site Vitisphere essaie d’apporter quotidiennement à la filière, comme contribution pour répondre aux préoccupations et réflexions de ses opérateurs afin qu’ils perpétuent rien de moins que l’histoire et la culture du vin dans l’Hexagone. Car « la France est un pays où l’histoire de la vigne et du vin éclaire celle du peuple tout entier » estime Roger Dion dans son Histoire de la vigne et du vin en France (édition d’auteur, 1959), notant malicieusement qu’« il arrive qu’autant d’importance soit donnée, dans nos plus anciennes chroniques, à la mention d’une mauvaise récolte de vin qu’à celle d’une invasion barbare ».

 

* : « Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo.

- Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal » écrit Voltaire, dans Candide, ou l’optimisme (1759).

 

** : « On ne sait jamais ce que le ciel veut ou ne veut pas, et il n'en sait peut-être rien lui-même » écrit Denis Diderot dans Jacques le Fataliste et son maître (1796).

 

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