vos marques, prêts, réduisez ! Réuni mardi 27 juin à Beaune, le BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne) a présenté son plan d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la Bourgogne viticole. Après le calcul du bilan carbone de la filière, après une série d’ateliers cet hiver 2022-2023, le plan ″Objectif Climat″ entre donc dans une nouvelle phase. « C’est la plus difficile : passer du théorique au réel », souligne François Labet, président du BIVB, qui veut un plan « sans greenwashing ».
Pour commencer, l’interprofession a identifié les neuf thèmes suivants, ainsi que leurs poids respectifs dans le bilan carbone de la filière : emballage (30 % du bilan carbone) ; fret (13%) ; mobilité (26%) ; cuverie (5%) ; viticulture (11%) ; déchets (<1%) ; séquestration ; immobilisation ; actions transversales.
Chacun de ces thèmes se décline en leviers d’actions (41 au total). Exemples pour le poste emballage : ″alléger la bouteille″, ″standardiser la gamme de bouteilles″, ou encore ″éco-concevoir les emballages″... Avec, pour chacun de ces leviers, une estimation des gains d’émissions probables. Ainsi, l’allégement des bouteilles à l’échelle de la Bourgogne pourrait économiser jusqu’à 19 000 tonnes d’équivalent CO2 par an. Ce qui correspond à plus de 10 000 allers-retours Paris/New-York en avion.
Enfin, chaque levier se décline en actions concrètes. Au total, le plan en contient 103. « Ce sont des recommandations à l’attention des professionnels de la filière, dont certaines possibles dès demain », indique Jean Philippe Gervais, directeur du pôle technique du BIVB. Exemple : ″créer une gamme de bouteilles standard adaptées au réemploi″. Des suggestions seulement, car « chaque entreprise définira bien sûr son propre engagement, le BIVB étant là pour accompagner, en animant des groupes de travail par exemple, ou en réalisant des études de faisabilité ».
Pour coordonner son action, l’interprofession s’apprête à engager un animateur. Prochaine étape : « travailler à un outil de collecte des résultats », anticipe François Labet. Indispensable si la filière veut déterminer la réussite, ou non, de son plan. « On a pu estimer que réduire de 60 % nos émissions d’ici à 2035 était un objectif atteignable », rappelle le président du BIVB.
Ces professionnels ont profité de cette assemblée générale pour partager leurs initiatives (généralement entamées avant le plan Objectif Climat) et leurs perspectives.
Amandine Marchives, domaine des Malandes (89) : On fait un gros travail dans nos vignes pour supprimer des intrants, et cela nous paraissait aberrant d’envoyer dans le même temps nous vins à l’autre bout du monde. Nous nous sommes fixé comme objectif de passer de 85 % d’export à 50 %. On est passés de deux grossistes en 2017, à 20 agents et grossistes en 2023. Cela nous a permis de doubler notre part France en 5 ans.
Louis Poitout, Domaine L&C Poitout (89) : En tant que petit vigneron, il est très difficile d’agir seul. Pour l’instant j’ai fait ce que j’ai pu : installation de pompes à chaleur, tracteur qui consommemoins, etc. Mais c’est diffus. On a besoin du collectif.
Jean-Nicolas Meo, domaine Meo-Camuzet (21) : En sollicitant mes fournisseurs de verre, j’ai trouvé récemment une bouteille de moins de 500g. J’explique aux clients ce choix, et cela semble leur plaire. J’ai changé aussi réduit la taille des cartons, pour densifier les envois. Pour les aspects plus techniques, moins évidents, j’attends l’appui de l’interprofession.
Emeline Favre, Vignerons des Terres Secrètes (Prissé, 71) : Nous avons travaillé deux ans en interne à la création d’une gamme éco-conçue, nommée Cerço. Aujourd’hui cela représente 80000 bouteilles en bio, sans capsule, avec bouteille allégée et réemployable, deux couleurs seulement sur l’étiquette, du liège français, et en vente directe. L’expérience nous a montré que tout était possible, cela nous challenge sur le reste de la gamme, soit 6 millions de bouteilles.