Cette campagne 2023 est vraiment particulière car nous bénéficions d’une vraie richesse hydrique. Ce millésime fait du bien car le régime hydrique est favorable. D’ailleurs on n’a jamais vu un maquis aussi vert. Nous sortons de quatre années pauvres en eau » constate Marc Andria Acquaviva du domaine Alzipratu, à Zilia, en Haute Corse, 45 ha, AOC, Calvi, certifié Bio en 2021, une production de 2000 hl, une douzaine de cépages dont le Vermentino, le Sciaccarellu, l’Elegante ou encore le Nielluccio.
Le végétal profite de cette richesse hydrique. Mais la pression sanitaire est plus forte qu’à l’accoutumée. « Nous adoptons des traitements en préventif. Dès que la pluie dépasse 15 millimètres, nous remettons une couverture de cuivre ou de soufre. Nous sommes au troisième traitement en dehors du préventif » indique-t-il.


Coté sortie des grappes, Marc Andria Acquaviva ne cache pas son plaisir : « On ne peut qu’être satisfait. On retrouve une moyenne, sans surplus de production. Quant aux jeunes plantations, elles sont belles et résistent bien ».
Seul bémol pour le viticulteur : que cette eau abondante s’arrête brutalement et que s’installe une période sèche. Anne-Gaëlle Dubreuil Lachaud, conseillère viticole à la chambre d’agriculture de Haute Corse rappelle à quel point le temps est incertain : « De nombreux orages touchent toutes les semaines la région. De même nous avons essuyé de façon très localisée des épisodes de grêle en avril, et dans le premier week end de juin » constate-t-elle.
La pression mildiou et oïdium est très forte. Le mildiou est surtout localisé sur la côte est. L’oïdium, lui, est présent sur tout le continent. « Cela demande des traitements toutes les semaines et une gestion phyto compliquée. Par contre on observe une belle sortie de grappe avec des qualités de floraison, peu de coulure ». Mais attention prévient Anne-Gaëlle Dubreuil Lachaud : « La conséquence de ce climat frais et humide peut entrainer la pression des ravageurs (pyrale des agrumes et eudémis). Il faudra limiter les risques de pourriture grise ».
Au final on ne devrait pas être sur une année précoce en termes de récolte. Les vendanges devraient s‘enclencher fin août, voire début septembre.
A Propriano, en Corse du Sud, Guillaume Seroin, du Domaine Sant Armettu, 40 ha, AOC Vin-de-Corse-Sartène, en Bio depuis 2021, cépages tels que Vermentino, Menustellu, Carcaghjolu Neru, est plutôt satisfait : « Le printemps a été frais et pluvieux. La croissance végétative est parfaite ». Problème : la suite se gâte ! En ce moment les pluies fines tombent, chaque jour, et les températures avoisinent les 30 degrés. Un cocktail idéal pour le mildiou et l’oïdium qui n’aiment rien moins que cette alternance de soleil et de petites pluies quotidiennes.
« Nous menons une énorme lutte. Il n’empêche, malgré les traitements même lorsqu’ils n’ont pas été lessivés, les tâches d’oïdium sur les feuilles sont là. Du coup il faudra être très attentif au palissage qui devra être bien exécuté. Attention à ne laisser aucun rameau au sol. L’effeuillage va être commencé dès aujourd’hui. Il faut que la zone de la grappe puisse respirer » explique-t-il.
Pour lutter contre les ravageurs, notamment la cochenille farineuse, Guillaume Seroin actionne deux leviers : le lâcher de coccinelles, friandes de ces cochenilles farineuses, qui sont dispersées dès que la saison végétative démarre. Autre levier : les huiles essentielles d’orange qui ont un effet répulsif et insecticide.
Reste que le traumatisme du millésime 2018 est dans toutes les têtes : des pluies quotidiennes de mi-juillet à mi-août et des pressions phyto énormes. Pour l’heure, Guillaume Seroin s’accroche à la très belle sortie, au végétal sain. La pression sanitaire ? Pour le moment, elle est contrôlée.