En 2022, à cette époque de l’année, on remarquait déjà des arrêts de croissance. Rien de tel en 2023 ». En scrutant son vignoble de 11 ha installé à 75 % sur des terroirs argilo-calcaire et 25 % sur du granite, Eric Pourre, coopérateur à Rodern (Haut-Rhin), est confiant. « Malgré la sécheresse de 2022 et une vigueur en baisse, le potentiel des inflorescences est intéressant. Les pluies de début mai ont régulièrement humecté le feuillage, et le mildiou est sorti rapidement, notamment sur pinot blanc, jusqu’à provoquer des symptômes sur crosse. Mais depuis quinze jours, le vent et le temps sec ont calmé ces attaques. Le relevage commence ».
« Le vent asséchant est défavorable aux maladies, mais aussi aux traitements. Les fenêtres de sortie ont souvent été délicates à trouver » enchaîne Frédéric Schwaerzler, technicien viticole à la chambre d’agriculture d’Alsace. Les viticulteurs travaillant en bio (environ un tiers de 15 500 ha du vignoble alsacien) bouclent déjà leur troisième traitement cuivre/soufre.
Ce début de saison se caractérise aussi par plusieurs alertes. La plus sérieuse concerne des soucis de croissance qui touchent des parcelles un peu partout, de façon parfois importante. Le gewurztraminer mais aussi des vignes d’auxerrois de 30-40 ans, montrent davantage de symptômes pouvant laisser penser à de l’acariose. Mais en l’absence d’agents, cette piste a été écartée. L’hypothèse d’un problème de mise en réserve doit être vérifiée.
Dans quelques secteurs, le court noué et l’excoriose s’expriment davantage cette année. Le botrytis a fait quelques apparitions sporadiques. La pression du ver de la grappe reste faible au stade boutons floraux séparés. L’oïdium s’est pour sa part manifesté dans les situations historiquement sensibles. Il sera à surveiller après palissage quand la végétation sera bien poussante.
Si la situation sanitaire générale n’inquiète pas, le contexte hydrique est tenu à l’œil. L’hiver et le printemps relativement bien arrosé ont permis de refaire des réserves et de stimuler la pousse des couverts début mai. Mais elles ne semblent pas énormes. Les prévisions météorologiques n’annoncent pas de précipitations début juin. Mais si de l’eau tombe dans la deuxième quinzaine de juin, aucun professionnel n’y trouverait à redire !