a succession des aléas n’en finit pas de ramener la question de la moyenne olympique sur le devant de la scène. Près de Montpellier, à l’occasion de la visite du préfet de l’hérault Hugues Moutouh chez les vignerons sinistrés par le brutal épisode de grêle du 24 mai dernier à l’est de la ville, le président de la chambre d’agriculture départementale Jérôme Despey a donc remis le couvert sur le sujet. « Opérationnelle depuis le 1er janvier 2023, l’assurance climatique nouvelle génération reste basée sur la référence de la moyenne olympique. Or, la répétition des aléas climatiques est en train d’éloigner les valeurs de cette moyenne du réel potentiel de production des parcelles touchées, affectant fortement les niveaux de remboursement assurantiels », lance celui qui préside également le conseil spécialisé vins de FranceAgriMer.
Il y a quelques jours, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau s’était montré conscient des préoccupations à ce sujet, promettant de les porter à l’échelon européen, tout en restant mesuré sur le potentiel agronomique. Parfaits cas d’école, les vignes touchées le 24 mai sur les communes de Castelnau-le-Lez, Le Crès ou Vendargues ont déjà connu depuis 2016 l’équivalent de 6 aléas climatiques. « La grêle, déjà, mais également sécheresse, canicule et bien sûr le gel de 2021 », énumère Jean-Paul Chauchon, président de la cave coopérative de Vendargues, les Vignerons du Bérange, dont l’un des adhérents a montré les dégâts (70 à 90%, sur sarments, feuilles et inflorescences) de cette dernière grêle dans l’une de ses parcelles.


Pour Jérôme Despey, il n’y a donc pas d’autre alternative que « partir sur d’autres références qu’une moyenne olympique ne correspondant plus aux capacités de production des exploitations, à moins d’accepter de sortir de cette moyenne les années d’aléas climatique reconnus ».
Au-delà de ce système de calcul issu des sports olympiques soumis à notations par des juges, le volet assurantiel du vignoble soulève également la question de l’égalité de traitement dans l’évaluation des dégâts. Mandaté par les assurances, un expert passe dans les parcelles assurées, « alors que ce travail d’expertise est effectué par les services de l’état, la DDTM, dans le cas des non-assurés », appuie Jérôme Despey. Le président de la Chambre d’agriculture héraultaise appelle donc à ce qu’un accord Etat-assureurs soit trouvé « afin que tout le monde travaille sur des critères communs d’évaluation ».
Présent lors de cette visite, le représentant héraultais des vignerons coopérateurs d’Occitanie Fabien Castelbou décrit également la conséquence indirecte des aléas climatiques sur l’équilibre financier d’une cave coopérative. « En cas d’aléa, la baisse des volumes de récolte n’implique pas une diminution des charges de fonctionnement de la cave. Les coûts de vinification restent les mêmes et entraînent une augmentation mécanique du coût de production à l’hectolitre donc, par répercussion, la rémunération de tous les adhérents qui baisse, qu’ils aient été touchés ou non par l’aléa », rappelle-t-il au préfet Moutouh. Ce dernier, à peine le sujet de la grêle refermé, a ensuite rebondi sur les effets déjà perceptibles de la sécheresse 2023 sur le vignoble méditerranéen. Comme le rappellent fréquemment les vignerons d’un aléa à l’autre, dans le vignoble, l’exception est en train de devenir la règle.