ickaël Robert ne peut plus espérer ramasser que trois ou quatre grappes sur les trois quarts du domaine du Mas du Fort. « Je n’ai pas encore fait le tour de mes 55 hectares mais la majorité de mes vignes plantées à Fontanès et Souvignargues sont complètement raclées, avec un tapis de 80 cm de feuilles et de raisins au niveau du pied. Et dans deux à trois jours, tous les sarments cassés vont sécher » témoigne-t-il, dépité, ce mercredi 24 mai matin.
Aux alentours de 17 heures la veille, un violent orage très localisé a suivi le bord du Vidourle jusqu’à Villevieille. « Nous avons eu d’abord eu près de 70 mm de pluie, puis uniquement de la grêle pendant 15 minutes, avec des grêlons de 2 à 3 cm » raconte Mickaël Robert.


Une fois ses parcelles ressuyées, le viticulteur passera un cuivre dans l’espoir de faciliter la cicatrisation. « Pour l’instant, impossible d’y rentrer, elles sont détrempées, les plaques de grêle n’ont pas encore fondu, et de nouveaux orages sont prévus ». Mickaël Robert se demande s’il vaudra ensuite la peine de continuer à s’occuper des quelques raisins encore sur pieds.
Camille Lebrun ne se pose déjà plus la question. « J’ai 16 hectares, tous détruits à 100% sauf 1,80 sur lequel j’estime les pertes à environ 60%. Il reste à mon fils, jeune agriculteur installé en 2020, 3 hectares touchés à 60% sur 7 hectares en production. Mon père qui a 78 ans n’avait jamais vu ça » se désole la viticultrice, également présidente de la cave coopérative de Souvignargues, qui a demandé à sa secrétaire d’appeler tous les adhérents pour faire le bilan de l’évènement.
« Notre « chance » dans ce malheur, c’est que le gros du volume de la cave vient de Montpezat, Combas, et Saint-Côme, des secteurs qui n’ont pas été touchés ». Que ce soit le gel, ou la grêle, cette partie du Gard connaît chaque année depuis 4 ans au moins un aléa climatique. « Nous sommes sauvés par le fait d’avoir un vignoble étendu sur plusieurs communes » se console Camille Lebrun. En plus de son assurance personnelle, la viticultrice a sollicité la FDSEA pour obtenir le soutien de la MSA et d'autres instances viticoles.
Si c’est dans le Gard qu’elle a fait le plus de dégâts [des orages ayant aussi touché des raisins le 22 mai entre Nîmes et Générac], endommageant environ 400 hectares, la grêle a également surpris quelques viticulteurs de l’Hérault. « Il y aurait localement des dégâts sur rameaux, feuilles et grappes à Lauret, dans le Pic St Loup, où 65 mm sont tombés, mélangés à des grêlons de 0,5 à 1 cm » indique Paul Hublart, chef du service viticulture de la Chambre d’agriculture.
Des orages ont en outre été signalés plus à l’ouest du département, comme à Hérépian, au-dessus de Béziers, où les vignes ne semblent a priori pas trop impactées.
Le 22 mai, c’est en Provence que des dégâts ont été rapportés, principalement dans les Bouches du Rhône, le Luberon, vers Saint Saturnin, les Apt, et Roussillon, et le nord du Var.