À l’Est, du nouveau ! Dissipant les souvenirs des longues fermetures de frontières du covid, les opérateurs des vins français ont repris leur bâton de pèlerin pour parcourir les marchés asiatiques. Après la réouverture du salon Tang Jiu Hui de Chengdu en Chine (12-14 avril), direction le nouvel évènement Vinexpo Asia à Singapour (23-25 mai) qui a l’ambition de devenir un rendez-vous majeur pour les marchés asiatiques (en alternance avec Hong Kong).« Après des années covid, c’est l’occasion de passer plus temps avec nos clients. La Chine s’est ouverte il y a 2-3 mois, il était encore difficile d’aller récemment en Thaïlande ou au Vietnam. Et nos clients ont envie de sortir » témoigne Antoine Leccia, PDG du groupe Advini, dont les équipes ont arrêté une centaine de rendez-vous sur trois jours avec des clients venant du Japon, d’Inde… Un frémissement avant la relance de la machine ? « Pour l’instant le rebond chinois est timide. On a le sentiment qu’il y a beaucoup de stocks sur le marché à date. Les importateurs qui restent sont timorés » esquisse Antoine Leccia.
« L’Asie en général et la Chine restent des marchés absolument prioritaires que l’on est ravis de voir se consolider un peu » analyse Saskia de Rothschild, PDG des Domaines Barons de Rothschild (Lafite), rapportant que « ce qui s’est passé avec le coronavirus fait que cette année on a un redémarrage à la réouverture que l’on note, que l’on remarque, qui est pour l’instant assez doux, qui nous donne bon espoir pour l’avenir. »
D’après les dernières statistiques de Business France, les exportations de vin français sur le premier trimestre 2023 témoignent en effet de dynamiques encore faibles. Avec des exportations mondiales de 2,8 milliards d’euros pour 297,4 millions litre (+4 % en valeur et -8 % en volume par rapport à janvier-mars 2022), les vins français réalisent des performances contrastées en Asie : le Japon arrive en cinquième position en valeur malgré un repli conséquent en volume (-2 % valeur et -19 volume, pour 146 millions € et 10,3 millions litres), Singapour grimpe à la septième place avec de belles croissances (+56 % valeur et +34 % volume, pour 131 millions € et 3,5 millions litres), Hong Kong se replie à la 11ème position (-13 % valeur et -34 % volume, avec 73 millions € pour 1,5 millions litres), la Chine continentale pointe à la 12ème place (-33 % valeur et -46 % volume, avec 73 millions € pour 8,2 millions litres) et la Corée du Sud à la 14ème position (-15 % valeur et -16 % volume, avec 50 millions € pour 2,8 millions litres).
Jugeant que les « expéditions de réexportation de Hong Kong ont basculé sur Singapour », Antoine Leccia pointe l’actuelle montée en gamme des vins français sur le marché chinois, avec la difficile compétition sur les parts de marché en volume avec les vins chiliens. Notant des baisses de volumes : sur les vins de Bordeaux et les vins de cépages du Languedoc, le négociant relève le développement des vins blancs : « il y avait déjà une tendance avant le covid, elle continue. »


Diversifiant ses goûts, « le public asiatique et chinois de vin ne fait que progresser » ajoute Saskia de Rothschild, précisant que dans son portefeuille de vins de Bordeaux, de Chine et du Chili, pour « tout développement que l’on a de manière générale sur l’ensemble des territoires, l’objectif est une stratégie de valorisation plutôt que de volume. On est dans une approche de développement de réseaux pour distribuer nos vins. » Et une lutte active contre la contrefaçon, particulièrement développée en Asie, avec une équipe juridique dédiée et une centaine de dossiers juridiques ouverts actuellement. « C’est un sujet quotidien » résume Saskia de Rothschild.