En réalité, il reste énormément de latitude, au niveau du sourcing, des assemblages, du déclassement… Et pourtant, l’énigme Grange n’est pas « percée ». Ainsi, l’ambition d’élaborer un vin encore meilleur que les millésimes mythiques de 1952, 1953, 1955, 1962, 1963, 1971 et 1976 reste entière. Elle ne s’exprime pas à travers son égo ni dans une évolution délibérée de style, mais plutôt en optimisant chaque « point de contact », depuis le raisin jusqu’à la bouteille. Comme nous les appelons souvent, tous les petits « un pourcent ».
Absolument. Grange est un assemblage mais toutes les parcelles originelles sont impactées de manière directe, mais différente, par la nature et l’Å“nologue. Les arômes, la structure et les tannins sont tous « pilotés » directement, par la nature jusqu’à un certain point à la vigne, puis par l’Å“nologue, depuis la vigne jusqu’à la cave puis à la bouteille… La sélection des vins de base pour la cuvée Grange s’opère de manière totalement « honnête » (et personnelle) à l’aide du schéma de dégustation du classement de Penfolds. Les vins sont sélectionnés à l’aveugle sur le plan organoleptique, éliminant des biais émotionnels et financiers. Il n’y a aucune formule. Ils sont sélectionnés in situ, après fermentation sur le banc, l’unique critère étant la qualité et le profil, sans que l’on ne connaisse ni la parcelle, le volume ou le cépage. L’assemblage final est sans doute une véritable expression Å“nologique qui relie des centaines de variables. Comme on le dit souvent de nos jours, il n’existe plus de « récolte normale », donc la contribution empirique (gestion) de l’Å“nologue est capitale.
Quand je pense au cabernet-sauvignon et au merlot, Bordeaux me vient immédiatement à l’esprit (la Napa Valley aussi, bien évidemment !). Nous sommes vraiment ravis du succès de notre collaboration avec nos amis de chez Dourthe. Leur vision très ouverte sur le monde et leur état d’esprit original en matière de vinification nous ont tout de suite séduits. Le fleuron de chez Dourthe, la cuvée Essence, un assemblage issu de plusieurs communes bordelaises de haut vol, a immédiatement touché notre imaginaire Å“nologique. A partir de là , nous avons développé de façon collective nos aspirations partagées en matière d’assemblage et de qualité d’une manière très naturelle et réelle…
C’était/c’est un véritable plaisir que de collaborer avec Frédéric Bonnaffous et son équipe à Bordeaux. Les vignobles Dourthe sont idéalement situés, englobant de multiples microclimats et terroirs, offrant une belle source de cabernet-sauvignon et de merlot de qualité exceptionnelle. Ce sont de magnifiques composantes que nous pouvons associer à la matière première proposée par Penfolds en Australie méridionale. Même distants de 16 000 km, la diversité des itinéraires Å“nologiques et des démarches inédites et audacieuses tout au long de notre collaboration ont créé un amalgame d’éléments totalement unique, et REEL !
On pourrait dire que Penfolds a toujours épousé une approche plus « libérée » et mondiale de l’Å“nologie, affranchie des contraintes liées à tel ou tel vignoble. Le style « maison » de Penfolds permet d’explorer librement les régions viticoles les plus qualitatives dans toute l’Australie, et désormais des vignobles à travers le monde. En créant ses vins français, l’accent a été mis sur la recherche d’une matière première optimale/adaptée pour compléter et s’associer aux profils de vins Penfolds. Celui-ci ne cherche pas à rivaliser ou à remettre en cause la tradition française qui privilégie les appellations, mais plutôt à partir en quête d’un modèle Penfolds en matière de style et de qualité, quelle que soit la provenance de la matière première. En France, on retrouve des terroirs et des saisons différents, de même qu’une culture du vin distincte. Mais la philosophie est la même : élaborer le meilleur vin possible avec les ingrédients fournis. Nous continuons à apprendre, à écouter et à nous adapter.
La volonté de Penfolds d’élaborer du vin en France ne date pas d’aujourd’hui car plusieurs générations d’Å“nologues chez nous ont bien souvent considéré la France comme étant synonyme d’excellence.
Il reste tant à faire à Bordeaux et en Champagne… Peut-être un jour la Vallée du Rhône ? Ce serait l’idéal.
J’ai grandi avec bon nombre de ces profils européens, les classiques si j’ose dire. Il ne faut jamais le sous-estimer ou le sous-évaluer dans un contexte où « on fait du neuf avec du vieux ». On voit tellement de superbes profils de vins qui naissent en Europe, y compris de nombreuses « adaptations » contemporaines ainsi que maints dérivés de styles plus récents, dont certains sont le résultat du changement climatique...
Etre associé à la Place de Bordeaux, c’est être reconnu mondialement pour sa qualité exceptionnelle. On devient « coupable par association » ! Un tel prestige renforce le capital-marque et représente à lui seul une motivation légitime pour être présent sur La Place…
C’est très important ! Lorsque je pense à la France, je pense spontanément au vin. Nous travaillons main dans la main avec nos distributeurs partenaires en France pour garantir une visibilité pour Penfolds « là où il faut être ». On peut toujours faire plus, mais les échos que nous avons reçus quant à la notoriété et aux progrès réalisés par Penfolds jusqu’à présent nous encouragent très fortement. Les plus grands vins français nous servent de référence et d’objectifs pour bon nombre de nos vins. Dans l’idéal, leur prestige « déteint » sur nous et avec un tel comparatif, il n’y a pas de perdants !
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