l faut croire que Bien Boire en Beaujolais (B.B.B.) s’est imposé dans les agendas des professionnels du vin. L’évènement, qui se tenait les dimanche 2 et lundi 3 avril, a enregistré une affluence similaire aux années précédentes : un peu plus de 2 500 visiteurs, d’après les premières estimations. « Mais cette année, nous avons eu 1 800 préinscriptions, contre un millier auparavant, observe Elisa Guérin, présidente de B.B.B.. Désormais les gens connaissent l’évènement et préparent leur venue. » A l’heure du rangement mardi, les retours des vignerons étaient positifs : « tout le monde a vu du monde, tout le monde est content », résume Elisa Guérin.
Ce salon réservé aux professionnels est organisé depuis 2012 par les vignerons répartis en différentes associations, simultanément sur plusieurs sites (reliés par des navettes). En 2023, une nouvelle-née, Biojolab, porte à six le nombre d’associations membres de B.B.B., et à 240 le nombre de domaines présents. « Beaucoup de domaines, bio ou en conversion, souhaitaient entrer à B.B.B. », explique Jonathan Buisson, du domaine les Roches bleues. Ce transfuge de l’asso Gamays chics ne s’y sentait plus à sa place après avoir repris et converti en bio les vignes familiales. « La Biojolaise qui compte déjà une quarantaine de domaines ne pouvait pas nous accueillir, reprend-il. Il y a un an, nous avons décidé de monter notre propre association, Biojolab, autour d’une charte. Nous sommes 31 domaines et avons dû refuser du monde ! » Chacun s’est investi dans l’organisation du salon : pour trouver un site à un prix abordable (le caveau du cru Morgon), choisir un traiteur pour le lundi midi (le repas étant traditionnellement offert aux visiteurs), construire les stands…
Démarches collectives
Pour se distinguer de la Biojolaise, Biojolab insiste sur le côté laboratoire : « A la vigne comme à la cave, nous sommes tous engagés dans des démarches collectives pour progresser, notamment autour de l’agroforesterie et des réductions d’intrants », illustre Marine Descombe qui, au Château de Pougelon, a planté des arbres fruitiers et prépare un millésime 2022 sans intrants, ni sulfites, ni levures sélectionnées. « Biojolab a créé une super dynamique de groupe », s’enthousiasme-t-elle.
Si l’objectif reste bien de faire des affaires, les vignerons viennent aussi pour l’humain : voir des clients, des prospects mais aussi des collègues, dans l’ambiance unique de B.B.B.. « Je n’ai pas de vin à vendre en ce moment, lâche Olivier Renard, sur la Biojolaise. Je fais goûter les 2020 car mes 2022 seront assez proches, et je prends des contacts. Mais c’est surtout un moment important de retrouvailles entre vignerons, alors que nous sommes souvent isolés dans nos vignes ! » Quelques stands plus loin, Clément David-Beaupaire admet aussi être présent à B.B.B. « pour faire des relations publiques », et non pour recruter de nouveaux clients.
Un peu partout, cependant, des cartes de visites s’échangent, et des conversations se croisent dans toutes les langues. « Même si B.B.B. grossit, on tient absolument à garder l’esprit initial : un salon professionnel et convivial, gratuit et où l’on offre le repas du lundi », souligne Elisa Guérin, qui expose sous la bannière beaujoloise. Certaines associations proposent en plus d’autres animations. « Pour la deuxième année nous avons invité nos clients à une pâté croûte party le dimanche midi, avec 14 pâtés croûte préparés par des chefs : cela a permis d’avoir beaucoup de monde dès l’ouverture », souligne Renaud Bodillard, membre de Beauj’all’wines.
Présent depuis huit ans sous la bannière Beaujol’art, Jean-François Pegaz, à la tête du domaine Baron de l’Ecluse, résume l’esprit B.B.B. à sa façon : « Il n’y a aucun salon où importateurs, cavistes et restaurateurs rigolent autant ! On ne se contente pas de prendre des contacts. Chacun repart avec des bons souvenirs, et au milieu de ces souvenirs, il y aura des bouteilles de beaujolais ! »