’est le lundi 14 mars 1983 que Chartres a vécu sa première Paulée des vins de Loire au Grand Monarque, née de la rencontre entre deux amoureux des vins de Loire, l’œnologue établi en Touraine Jacques Puisais et l’hôtelier-restaurateur Georges Jallerat. Au départ, l’idée était d’offrir une étape gourmande et amicale aux vignerons qui prenaient la route du retour après le Salon International de l’Agriculture à Paris.
Comme l’explique Georges Jallerat (qui fêtait lui ses 80 ans) « Je viens du monde agricole, je n’étais pas cuisinier, je n’avais pas de relation avec le monde hôtelier, j’ai eu la chance de rencontrer Jacques Puisais, j’ai choisi le vin ». Il cite les centaines de vignerons qui ont participé depuis : Didier Dagueneau de Pouilly-Fumé, les Vatan, Druet, Foucault ligériens, mais aussi les Coche-Dury, Boxler et Maroteaux venus de Bourgogne, d’Alsace ou de Bordeaux.
L’étape devenue rapidement gastronomique s’est transformée en évènement incontournable pour les professionnels du vin. La tradition de partage, de transmission, d’hospitalité et de grande gastronomie, initiée par Geneviève et Georges Jallerat se maintient avec la génération aux commandes Nathalie et Bertrand, aux côtés du chef Thomas Parnaud qui dirige depuis quatre ans le restaurant Le Georges, une étoile au sein du Grand Monarque. Depuis 19 ans, la Paulée est aussi un marché de vignerons destiné au grand public.
Sous la grande halle, une quarantaine de vignerons sont présents pour faire déguster et vendre. On découvre de jeunes têtes qui présentent leurs premiers millésimes, comme l’Austral en Saumur-Puy-Notre Dame ou Ménard-Gaborit en Muscadet, aux côtés de fidèles figures comme Patrick Baudouin en Anjou ou La Grange Tiphaine à Montlouis. Ils ont été sélectionnés par Nicolas Duclos, sommelier du Grand Monarque, et Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde en 2000 qui a expliqué leurs choix pendant la soirée.
Christophe Hay, le chef doublement étoilé, découvert à Montlivault désormais installé un peu plus en aval dans l’impressionnant cadre de « Fleur de Loire » à Blois a proposé un repas qui a su mettre en valeur la variété des vins de Loire, depuis la Côte Roannaise jusqu’à l’embouchure. Etaient aussi conviés d’anciens invités comme les chefs Patrick Pignol (ex Relais d’Auteuil à Paris 16è) et Jean Bardet (Tours) qui expliquait avoir commencé comme garçon de café : « Je n’aimais pas la cuisine, j’y suis venu par le vin ». Honneur fut rendu au grand amateur et connaisseur de vin, le chef Alain Dutournier, gascon parisien, ex-étoilé au Carré des Feuillants, mais toujours à la tête de son « Trou Gascon » (depuis 1973) et de ses « Caves de Marly ». Eric Bordelet, le producteur de cidres et poirés qui présentait sa dernière création issue du cormier a évoqué avec admiration le « restaurateur chez qui il avait eu son premier emploi à 17 ans » car « il y avait un échange extraordinaire avec l’équipe : il nous faisait tout goûter ».