l y a urgence à rajeunir le vignoble en Champagne. Ce message, martelé par le Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) et le Comité Champagne depuis plusieurs années, a été rappelé lors de la journée Vignoble & Qualités organisée par Terroirs & Vignerons de Champagne (TEVC) le 15 mars.
Le constat est en effet sans appel. En l'an 2000, l’âge moyen des vignes était de 22,3 ans. En 2021, il est de 34,3 années. Le taux de renouvellement n’est que de 0,7 %. « Ce vieillissement des vignes explique 40 % de la variabilité du nombre de grappes par m2 », explique Philippe Béliard, responsable organisation de la filière au Comité Champagne. Une vigne de 15 ans porte environ 14 grappes par m2 contre 10 grappes par m2 pour une vigne de 35 ans. Le Comité Champagne rappelle que le rendement agronomique a chuté de 26 % en douze ans. Il estime que le vieillissement et le dépérissement génèrent 1/3 de la baisse. Les pratiques viticoles et les aléas climatiques sont quant à eux responsables des 2/3 de la baisse. En détail, 75 % de la baisse est imputable au nombre de grappes par m2, contre 25 % au poids des grappes. Le vieillissement et le dépérissement du vignoble sont responsables de 40 % du nombre de grappes/m2 et d’environ 10 % du poids des grappes.


Pour inciter les vignerons à arracher puis à replanter, l’interprofession a mis en place en 2017 le dispositif de « sortie de réserve pour arrachage », qui vise à compenser la perte de production provoquée par l’arrachage. Ce dispositif, pas assez utilisé selon l’interprofession, permet de débloquer une partie de la réserve individuelle, à hauteur de 8000 kg/ha/an pendant trois ans, pour compenser la surface arrachée. Un repos végétatif d’un an est obligatoire pour pouvoir activer ce déblocage.
Bertrand Trépo, directeur marketing et communication extérieure au centre de gestion CDER, invite lui aussi les vignerons à renouveler leurs parcelles : « Arracher nécessite un investissement et un manque à gagner, mais cela permet de rester productif. A terme, si on ne renouvelle pas ses vignes le rendement agronomique baisse, la réserve individuelle diminue. Et l’on peut se retrouver obligé de replanter avec une réserve qui ne nous permet plus de soutenir notre trésorerie ».
Une fois la parcelle arrachée, il est désormais possible d’opter pour une plantation du cépage résistant Voltis, dans la limite de 10 % de la surface de l’exploitation, ou en Vignes Semi-Larges (VSL). Ces deux options figurent dans le cahier des charges depuis fin 2022.