ientôt la fin de la promotion des vins dans les pays tiers et des autres aides commerciales de l’OCM ? L’Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV) le craint en voyant comment se préparent les actes délégués du règlement européen de 2020 instaurant la « taxonomie verte ».
Pour mieux cibler ses investissements et ceux des banques privées, l’Union européenne va labelliser les entreprises contribuant au moins à l’un des six objectifs de la finance verte suivants : « Atténuer le changement climatique », « S’adapter au changement climatique », « Utiliser durablement et protéger les ressources aquatiques et marines », « Faire la transition vers une économie circulaire », « Prévenir et réduire la pollution », et « Protéger et restaurer la biodiversité », sans porter atteinte aux cinq autres.
« En fin d’année, la Commission a réuni 57 membres et 11 observateurs au sein d’une plateforme sur le financement durable, chargés de lui faire des recommandations pour l’aider à adapter sa taxonomie verte à l’agriculture avant le 28 février » se souvient Aynard de Clermont-Tonnerre, secrétaire général de l’AREV.
Les élus viticoles européens se sont vite rendus compte que cette plateforme n’était composée que de représentants d'institutions financières et d'organisations environnementales, comme la WWF ou BirldLife, « sans aucun représentant des agriculteurs, comme la Copa Cogeca ou la FNSEA ».
Ce comité a envoyé un questionnaire au ministère des Finances des 27 Etats membres de l’UE. « Et nous avons découvert le 20 février, soit 8 jours avant la date butoir, qu’hormis la Tchéquie, qui nous avait transmis un brouillon, qu’aucun Etat membre n’avait répondu et que ce questionnaire n’avait même pas été transmis aux ministères de l’Agriculture » poursuit Aynard de Clermont-Tonnerre.


« Le nouveau président de la FNSEA Arnaud Rousseau et la député européenne Irene Tolleret m’ont aidé à interpeler Bruno Lemaire sur le salon de l’agriculture ». Ce dernier s’est emparé du dossier et l’a transmis à Marc Fesneau dans les temps.
Malgré cette tentative de rattrapage de dernière minute, l’AREV estime que la plateforme a fait des recommandations « techniquement fausses, souvent dogmatiques et, dans tous les cas, dépassant largement le cadre législatif donné par la Politique Agricole Commune, avec le risque d’exclure la majeure partie de l'agriculture européenne des plans d’investissement et des aides ».
Les 57 membres et 11 observateurs ont identifié trois moyens permettant aux acteurs de la production végétale de contribuer à la conservation et à la restauration de la biodiversité et des écosystèmes. « L’exploitation agricole doit soit comprendre de vastes zones situées sous des caractéristiques paysagères à forte biodiversité, soit garantir un équilibre durable de l'azote, soit se passer des produits phytopharmaceutiques de synthèse et du cuivre » s’insurge Aynard de Clermont-Tonnerre, rappelant que sans phytos de synthèse et sans cuivre, il n’y a plus de viticulture.
L’AREV ne compte pas en rester là. « La Commission européenne n’a pas encore examiné ces propositions et elle ne les adoptera pas avant l'été 202. Il est important que les régions viticoles se mobilisent pour l'avertir du danger d'adopter des critères idéologiques qui n'aident en rien la transition écologique du système agricole européen et laisseraient le champ libre l’Afrique du Sud, le Chili ou la Nouvelle-Zélande, des pays qui soutiennent leurs vignerons sans délaisser l’environnement » estime Aynard de Clermont-Tonnerre.