omme dans l'Ain, les Bouches-du-Rhône, les Pyrénées-Orientales, et le Var en février, des arrêtés préfectoraux ont placé les départements de l’Ardèche et de la Drôme en état d’alerte renforcée vis-à-vis de la sécheresse jusqu’à la fin avril.
Les prélèvements à des fins agricoles doivent au moins y être réduits de moitié. « Parfois, ils ne sont possibles que la moitié de la semaine. Le détail de ces mesures est disponible sur le site Propluvia » indique Marc Gelly, conseiller en irrigation de précision pour le groupe ICV et PDG d’Ag-Irrig.
Les vignerons doivent-ils s’inquiéter de ces restrictions ? Pas encore, selon Isabelle Méjean, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture de la Drôme, où le réseau d’irrigation doit être remis en eau le 1er avril. D’abord, parce que l’hiver n’est pas terminé et qu’il peut encore pleuvoir avant le début du débourrement attendu pour la fin du mois dans les parcelles les plus précoces. « Et surtout parce que les dernières mesures au tensiomètre indiquent que les sols sont assez humides pour permettre à la vigne de redémarrer son cycle végétatif » assure la conseillère, qui ne voit par ailleurs pas l’intérêt d’irriguer avant que les racines de la vigne ne redeviennent fonctionnelles.
Dans le Var, les vignerons risquent de connaître un début de millésime compliqué. « Comme le millésime 2022 a été sec, que l’hiver aussi, et que les prévisions n’indiquent pas de pluie dans les jours à venir, la vigne va démarrer son cycle dans des conditions très déficitaires » annonce Julie Mazeau, également conseillère la Chambre d’agriculture.
Dans les Pyrénées-Orientales, certaines parcelles n’ont eu le droit qu’à 65 mm d’eau depuis les vendanges. « On voit ponctuellement quelques pointes vertes mais globalement la vigne n’est pas en avance » témoigne Laurent Duret.
Selon le consultant à l’ICV, le débourrement devrait bien se dérouler. « La vigne peut compter sur ses réserves accumulées l’année d’avant ». Mais la situation risque de rapidement se compliquer si les sols restent secs après. « Dans quelques mois, je ne serais pas étonné de voir des sarments qui ne dépassent pas 50 cm. Nous avons eu le cas sur des grenaches en 2021. Ils avaient donné très peu de raisin, prévient-il. Reste à espérer des pluies abondantes au printemps. »
Laurent Duret s’attend par ailleurs à voir les complants peiner et les nouvelles plantations rater. « L’argile forme une couche presque impénétrable sur les parcelles. Les vignerons vont avoir toutes les peines du monde à bien les préparer, alors que nous sommes sur des sols peu pierreux généralement faciles à travailler. Et ils ne pourront pas bien arroser leurs nouveaux pieds. Economiquement, c’est très préoccupant… ».
Selon son collègue Marc Gelly, la sécheresse hivernale et les restrictions d’arrosage vont aussi favoriser l’entrée des fourmis dans les systèmes de goutte-à-goutte enterré. « Dans certaines régions du Sud, les vignerons vont devoir prévoir des réparations ».